Après avoir chuté de 8,4% pendant la pandémie, le PIB du Portugal est remonté à 4,9% fin 2021. (Photo: Shutterstock) 

Après avoir chuté de 8,4% pendant la pandémie, le PIB du Portugal est remonté à 4,9% fin 2021. (Photo: Shutterstock) 

Mercredi, un webinaire de la Chambre de commerce intitulé «Go International: Portugal» sera une préface à une importante mission économique qui aura lieu au mois de mai à Lisbonne et Porto. Toute cette semaine, Paperjam vous invite à découvrir les forces et le potentiel économique de ce pays.

Berceau de grands navigateurs et fondateur de routes commerciales, le Portugal a longtemps été un pays puissant et colonialiste. Pourtant, aux 19e et 20e siècles, il était l’un des plus pauvres d’Europe occidentale. Après la révolution de 1974, qui marque aussi la fin des colonies, les dernières possessions portugaises d’outre-mer en Afrique ont été réorientées vers l’Europe.

En 1986, le Portugal a rejoint la Communauté économique européenne, ce qui a entraîné une croissance économique forte et régulière. La crise économique qui a touché les États-Unis, puis l’Europe en 2008, a ensuite durement impacté le PIB du pays. En 2011, l’Union européenne et le FMI ont autorisé un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros pour le Portugal, qui a pu maintenir, grâce à cela, la continuité de ses services publics. S’en est suivie une lente reprise pendant sept ans, ce qui a amené le Portugal à atteindre une croissance à nouveau positive en 2015. Jusqu’en 2019, le pays a enregistré une croissance au-dessus de la moyenne de celle des pays de l’OCDE.

Évolution du PIB du Portugal. (Credit: OECD economic survey of Portugal 2021)

Évolution du PIB du Portugal. (Credit: OECD economic survey of Portugal 2021)

4,9% de croissance: l’économie est résiliente, mais fragile

En 2020, la pandémie a fait chuter le PIB du Portugal de 8,4%. En 2021, il a augmenté de 4,9% en volume, soit la plus forte croissance depuis 1990 pour presque atteindre son niveau d’avant-pandémie. Les mesures prises par le gouvernement et les aides de l’UE se sont avérées efficaces pour éviter l’effondrement économique du pays, contrairement à 2008, mais la résilience n’est pas complète.

Les secteurs gravement touchés, notamment le tourisme et l’hôtellerie, sont toujours bien en deçà des niveaux d’avant la crise. Avec la pandémie, le secteur du tourisme a perdu 65% de ses revenus annuels en 2020, et si les indicateurs de reprise sont bons, le pays reste très dépendant du transport aérien, par sa position excentrée en Europe.

Néanmoins, les mesures de soutien directes et indirectes ont limité les pertes d’emplois. À 6,3% au troisième trimestre de 2021, le taux de chômage se situe en dessous de son niveau d’avant-crise (6,5% en 2019). Une politique monétaire favorable dans la zone euro et un large éventail de mesures, notamment des garanties de prêts publics, des subventions, des reports d’impôts et le moratoire sur le remboursement des crédits des entreprises et des ménages touchés par la pandémie, ont empêché une hausse soudaine des faillites et des défauts de paiement.

853.200 hôtes en janvier 2022: le rebond grâce au tourisme

Le Portugal vit depuis une dizaine d’années sur une économie traditionnelle surtout tournée vers l’export de services (tourisme, transports). En ce qui concerne l’export de marchandises, les principaux pays clients du Portugal sont l’Espagne (26,7%), la France (13,1%) et l’Allemagne (11%). En 2021, les exportations s’élevaient à 63.477 millions d’euros, principalement dans le secteur machines et véhicules de transport. Pour les services, le Portugal exporte vers la France (14,8%), l’Espagne (14%) et le Royaume-Uni (13,8%) principalement dans le secteur des voyages, du transport et des services aux entreprises. En 2021, la balance des services a enregistré un excédent de 9.884,73 millions d’euros, alors que celle des biens et marchandises restait négative, à -15 (340,91 millions d’euros).

En janvier 2022, le secteur de l’hébergement touristique a enregistré 853.200 hôtes et 2 millions de nuitées. Si l’on compare janvier 2022 à janvier 2020, le nombre d’hôtes et de nuitées a diminué de 39,9% et 38,8%, respectivement.

2.000 incubateurs de start-up: une stratégie de la diversification

Le pays cherche à diversifier son économie en développant des secteurs nouveaux au sein desquels il veut attirer des investisseurs étrangers comme les technologies et énergies propres (hydrogène), les centres de R&D en santé (clusters biopharmaceutiques), et les fintech. Une stratégie très soutenue par les agences de développement économique à l’étranger et les ambassades, parmi lesquelles celle du Portugal au Luxembourg, terre d’accueil historique, avec une communauté d’environ 150.000 Portugais résidents ou frontaliers.

Les villes qui concentrent l’activité économique et l’innovation sont Porto, Lisbonne et Braga. La création de la nouvelle banque publique d’investissement (Banco Português de Fomento), issue de la fusion de plusieurs institutions, pourrait jouer un rôle de levier en offrant des solutions de financement pour des projets liés à la recherche, aux PME, à l’innovation et au développement durable.

Le financement des PME, généralement peu capitalisées au Portugal, qui reste crucial pour la montée en gamme de l’économie, sera un défi majeur. Le gouvernement portugais a beaucoup investi dans la numérisation des services, dans tous les domaines. Le pays est aujourd’hui très numérisé, notamment dans la santé et les services publics. Il a la plus forte croissance européenne en matière de développement des écosystèmes liés au numérique, notamment les start-up, avec 2.000 incubateurs et six licornes (Farfetch, Feedzai, OutSystems, Remote, Sword Health et Talkdesk).

8% de hausse des investissements en 2022

Le programme de stabilité du pays prévoit une croissance stable, à 4,9%, en 2022. Une croissance des investissements est attendue en 2022 (+8,0%) et 2023 (+8,6%). Les perspectives économiques dépendent de deux facteurs: d’abord l’évolution de la pandémie, notamment de l’efficacité des vaccins contre les variants du virus. Si le taux de vaccination est le plus élevé de l’OCDE, la reprise est entachée de fortes incertitudes.

Ensuite, la situation géopolitique, notamment le conflit russo-ukrainien qui engendre des ruptures d’approvisionnement et une hausse des prix de l’énergie, alimente la faiblesse persistante de l’activité économique portugaise et pourrait déclencher de nouvelles pertes d’emplois et des faillites d’entreprises financièrement vulnérables. Bien que le Portugal soit peu dépendant du gaz russe et que 60% de l’électricité du pays soit d’origine renouvelable (solaire et éolien), les effets de ricochet des sanctions financières prises contre la Russie peuvent fragiliser la reprise.