Lorsqu'on envisage l’avenir d’une entreprise, il est très difficile de prévoir les événements des trois à six prochains mois, en particulier dans les secteurs cycliques. Crédit: Capital Group 

Lorsqu'on envisage l’avenir d’une entreprise, il est très difficile de prévoir les événements des trois à six prochains mois, en particulier dans les secteurs cycliques. Crédit: Capital Group 

Une situation de taux d’intérêt bas incite souvent les investisseurs à tenter de doper leurs rendements à court terme en passant par le trading d’actions. On dit qu’un bon investisseur ne succombera pas à un effondrement temporaire du marché car il connaît les risques du trading «à chaud» – c’est-à-dire du trading dirigé par les émotions. Mais il y a toujours beaucoup de facteurs en jeu.

Lorsqu'on envisage l’avenir d’une entreprise, il est très difficile de prévoir les événements des trois à six prochains mois, en particulier dans les secteurs cycliques. À l'inverse, les perspectives à long terme – avec un horizon de sept ans voire plus – sont souvent beaucoup plus faciles à prévoir, même si on peut facilement avoir tort à court terme. Heureusement, il est toujours possible d'augmenter et de réduire ses positions à mesure que les circonstances changent et que les cours évoluent.

La futilité de la prévision

Qu'il soit inutile d'essayer de prévoir les prix du pétrole, par exemple, on l’a bien compris au cours des derniers mois : le prix du pétrole a été négatif dans l'ouest du Texas, lieu on ne peut plus insolite pour une telle baisse du prix, et a rebondi jusqu'à 30 dollars le baril en deux ou trois semaines. « Essayer de prévoir le prix de l'acier, du cuivre ou du pétrole à court terme est un jeu de dupes. Je suis sûr qu'il y a des fonds spéculatifs qui pensent qu'ils peuvent y arriver – et bonne chance à eux ! », souligne Martyn Hole de Capital Group, directeur des investissements qui rencontre régulièrement les gestionnaires de portefeuille et les analystes de Capital Group.

Capital Group se concentre sur les perspectives à moyen et long terme des entreprises. Au minimum, lorsqu'un analyste produit un rapport sur une entreprise, il doit faire des projections sur au moins trois ans, en examinant l'intégralité du résultat, le bilan, les flux de trésorerie, etc. Dans de nombreux cas, pour des entreprises comme Amazon, Netflix ou des géants pharmaceutiques, il ne suffit même pas de se concentrer sur les trois prochaines années. La valeur réelle d'une telle entreprise peut se manifester d'ici 5, 10 ou même 15 ans ! Se concentrer sur le court terme peut alors signifier qu'on manque de grandes opportunités, note M. Hole. « Imaginez une entreprise pharmaceutique qui propose un traitement ou un vaccin contre le COVID-19. Il ne sera pas sur le marché avant un certain temps, l'impact complet du médicament sur les revenus et les bénéfices de l'entreprise ne se fera pas sentir avant plusieurs années. »

Dans les deux ou trois dernières années, bon nombre de ces actions semblaient extrêmement chères si l’on regardait leur ratio cours sur bénéfices (P/E) pour l'année prochaine. « À l'horizon 2023 et au-delà, les taux de croissance et les opportunités sont pourtant si grands qu'ils offrent une valeur décente », conclut M. Hole. Un investisseur doit donc être prêt à envisager un avenir plus lointain que les prochains mois.

À l'horizon 2023 et au-delà, les taux de croissance et les opportunités sont pourtant si grands qu'ils offrent une valeur décente 
Martyn Hole

Martyn HoleDirecteur des InvestissementsCapital Group

Peser le pour et le contre

Dans l'expérience de M. Hole, si une entreprise déçoit et que ses actions chutent de manière spectaculaire, cela représente souvent une opportunité d'achat. « En particulier en période d'incertitude, une société peut retirer ses prévisions de ses résultats financiers, ce qui déclenche une faiblesse du cours de l'action en bourse. Parfois, de tels cas de corrections du cours à court terme peuvent nous donner la possibilité d'augmenter ou d'ouvrir des positions sur des sociétés qui nous semblent solides à long terme, mais où dans l'immédiat, le marché a réagi très négativement à une nouvelle. »

Depuis 30 à 40 ans, de nombreuses entreprises ont fait partie des portefeuilles et fonds gérés par Capital Group. Mais le gestionnaire n'adopte pas toujours une approche de placement à long terme (le « buy and hold »). « Si une action se porte bien et commence à paraître coûteuse par rapport à sa valeur à long terme, nous pourrions très bien réduire notre position. Si le titre a connu un trimestre décevant ou si la direction fait une déclaration que le marché n'aime pas, nous profiterons souvent de cette occasion pour augmenter son poids dans notre portefeuille. Mais si l'hypothèse de placement originale a été fortement remise en question, il peut être nécessaire de réévaluer notre position », conseille M. Hole. « Ne faites pas l'autruche dans ces circonstances ; vous pouvez modifier la proportion du portefeuille allouée à un titre en particulier, au fur et à mesure que les événements se présentent et que les choses changent. »

Les avantages d'une vision à long terme peuvent être importants. Pour en savoir plus sur les meilleures pratiques et découvrir si l'investissement à long terme est le bon choix pour vous, abonnez-vous à la lettre d’information de Capital Group ou consultez nos articles en ligne .

Martyn Hole est directeur des investissements “actions” chez Capital Group. Il dispose d’une expérience de 38 ans dans le secteur financier, et a rejoint Capital Group il y a 17 ans. Avant cela, Martyn a travaillé chez JPMorgan AM. Martyn, base à Londres, est diplômé de l’université de Cambridge, et détient un CFA.