Les députés de l’opposition ont dénoncé un discours dans lequel les annonces ont pris le pas sur le concret. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

Les députés de l’opposition ont dénoncé un discours dans lequel les annonces ont pris le pas sur le concret. (Photo: SIP/Emmanuel Claude)

Satisfaction du côté des bancs de la majorité et frustrations sur ceux de l’opposition. Un grand classique de la vie politique, où les uns pointent la clarté et les autres une forme de simplisme sans chiffrages. Les réactions au premier discours sur l’état de la Nation de Luc Frieden étaient contrastées, ce mardi soir.

s’était bien préparé pour un exercice nouveau pour lui. «L’exercice est extrêmement important dans une démocratie parlementaire. Il s’agit de coordonner l’action du gouvernement et d’annoncer le contexte et les grandes lignes pour les douze mois à venir. C’est un exercice passionnant, fatigant, qui prend énormément de temps et auquel je me suis préparé au cours des derniers mois puisque je tiens à ce que l’accord de coalition soit bien mis en œuvre. J’ai voulu avancer les priorités dans les grands domaines pour les 12 mois à venir en décrivant le contexte. Je n’ai pas parlé de tous les domaines bien que tous les domaines soient importants. J’ai aujourd’hui mis l’accent sur des sujets comme le logement, l’effort de défense, la lutte contre la pauvreté des enfants, le développement des énergies renouvelables et pour financer tout cela une compétitivité accrue pour les entreprises et une baisse de la fiscalité tant pour les entreprises que pour les personnes privées», confiait-il à la fin de son discours

Une approche diversement appréciée sur les bancs de la Chambre des députés. Principale critique de la part des élus d’opposition, le manque de nouveauté et de concret.

«C’est un discours qui s’est inscrit dans le prolongement de la présentation de l’accord de coalition et du débat sur le budget et dont le ressort central est celui de la simplification administrative. Une simplification administrative qui est l’absolution à tous les problèmes», résume (LSAP). Qui regrette que des sujets fondamentaux comme l’éducation n’aient pas été abordés. Dan Biancalana regrette également le manque de perspectives dans la lutte contre la pauvreté et ses causes.

, la cheffe de fraction LSAP, est sur la même ligne: «La simplification administrative n’est pas une baguette magique», assène-t-elle en regrettant les manques de garanties pour le logement abordable et pour son accès. «Ce discours donne l’impression que le volet social est marginal dans la politique de ce gouvernement.» Sur les 10 mesures présentes pour sortir le secteur du logement de la crise, le seul point «intéressant» qu’elle retient est l’application du principe «once only».

Pour (déi Gréng), «Luc Frieden a multiplié les effets d’annonces sans beaucoup de concret. Nous avons assisté à une déclaration gouvernementale bis sans beaucoup de concret. Le Premier ministre centralise toutes les annonces, comme le faisait Jean-Claude Juncker. Avec comme conséquence qu’on ne sait pas ce qui nous attend vraiment.» La députée verte s’inquiète également de l’absence de pistes de financements du coût des mesures des dépenses induites par les projets du gouvernement. Notamment pour la nouvelle adaptation annoncée du barème de l’impôt à l’inflation pour 2025.

Manque d’ambition sociale pour le LSAP et déi Lénk

(déi Lénk) ironisait sur le fait qu’«il semble que le seul problème du Luxembourg soit la simplification administrative». Pour lui, «si Luc Frieden semble découvrir les problèmes de précarité et de pauvreté, il semble apparemment inapte à en analyser les raisons… Avec sa politique, ces inégalités sociales vont encore se creuser.» Il regrette aussi l’absence d’une politique globale contre le changement climatique. «Les bonus à la mobilité ne font pas tout. C’est une réponse individuelle, néolibérale à un problème global.» Un seul élément positif à ses yeux: la rénovation énergétique et le photovoltaïque préfinancés par l’État…

(Piraten) est sorti «heureux» de ce discours… «Je me sens comme à la sortie d’une visite du Parc Merveilleux de Bettembourg», ironisait-il en reprochant un discours construit sur des effets d’annonces sans rien de concret derrière. «Prenez le logement: il y a beaucoup d’effets d’annonces et beaucoup de cadeaux aux promoteurs. Au point que j’ai eu l’impression que c’était un promoteur qui a écrit ce passage du discours.»

(ADR) parle d’un discours «bureaucratique» qui n’a pas répondu à ses attentes. «On ne sentait pas dans Luc Frieden la motivation de vouloir faire changer les choses. Je crois qu’il manque de courage pour dire les choses clairement et honnêtement notamment sur la sécurité et sur l’immigration. Pour moi, il n’a pas de vision pour le Luxembourg et pour les Luxembourgeois pour les années à venir. Prenez le logement: ce qu’il a proposé peut améliorer dans certains cas certaines situations, mais globalement, cela n’arrangera rien, il faut rester sérieux.» Le député a quand même accueilli favorablement la volonté de simplification administrative.

La majorité unie derrière le Premier ministre

Face à ces critiques, le Premier ministre pourra compter sur le soutien de sa majorité.

(chef de la fraction CSV) était très satisfait du discours de Luc Frieden. «Je n’ai jamais entendu ces dernières années une déclaration si claire et si précise. L’action de la majorité dans les douze mois à venir est très claire que ce soit dans les secteurs du logement ou dans la lutte contre la pauvreté. C’est maintenant aux ministres respectifs de présenter les détails. Nous soutiendrons évidemment le Premier ministre», a-t-il déclaré.

(chef de fraction DP) s’est réjoui du discours d’un Européen convaincu. Pour lui, le logement et la lutte contre la pauvreté des enfants seront les deux chantiers majeurs des douze prochains mois. «C’était un discours bien structuré avec beaucoup d’idées du DP. Je suis satisfait de la prestation du Premier ministre.»