L’année 2022 a été une période prolifique en ce qui concerne les financements publics alloués à la recherche et au développement pour l’UE. Les dotations budgétaires publiques ont atteint un total de 117,368 milliards d’euros, soit 0,74% du PIB. Cette somme représente une hausse de 5,4% par rapport à l’année précédente (111,407 milliards d’euros) et de 49,2% en comparaison avec les chiffres de 2012 (78,655 milliards d’euros).
Parmi les pays de l’UE, c’est le Luxembourg qui a alloué la plus grande part de son budget à la R&D avec une moyenne de 661,6 euros par individu, suivi de loin par le Danemark (529,1€) et l’Allemagne (517,6€). À l’inverse, les plus mauvais élèves sont la Lettonie (49,6€), la Bulgarie (27,3€) et la Roumanie (17,6€). Pour l’ensemble de l’UE, la moyenne des allocations budgétaires est de 262,7 euros par personne.
Pour rappel, les allocations budgétaires du gouvernement pour la R&D englobent les allocations affectées à la R&D dans le gouvernement central, régional et local. Ces résultats peuvent être révisés d’ici janvier 2024 et réfèrent à des prévisions budgétaires, ce qui ne reflète pas nécessairement les dépenses effectives. Les fonds budgétaires des collectivités locales peuvent ne pas être inclus si leur contribution n’est pas significative ou si les données n’ont pas été collectées.
Ces statistiques donnent néanmoins un aperçu des différentes activités de financement public de la R&D et sont classées à l’aide de la nomenclature pour l’analyse et la comparaison des programmes et budgets scientifiques (NABS).
La face cachée de l’iceberg
Ces résultats, bien qu’encourageants à première vue, ne sont qu’une illusion. Le Luxembourg se maintient en réalité dans le ventre mou du classement européen. Lorsque l’on examine de plus près le budget alloué en proportion de son PIB, le Grand-Duché dégringole au 15e rang avec 0,55%. Le Grand-Duché devance la Slovénie (0,53%) et se positionne derrière la République tchèque (0,58%). Bien en deçà de son voisin allemand qui arbore la première place avec 1,11%, la France (0,68%) ou la Belgique (0,64%).
Une situation préoccupante étant donné que c’est le plus faible résultat enregistré par le pays depuis 2014 (0,51%). Jusqu’à présent, le Luxembourg maintenait généralement un niveau d’investissement autour de 0,6% de son PIB. Bien que les investissements globaux atteignent des records (426,979 millions d’euros soit presque le double par rapport il y a 10 ans), le Luxembourg n’adapte pas ses allocations budgétaires en R&D au rythme de la croissance de son PIB.
Des voyants au vert pour la santé… la défense dans le rouge
En 2022, au sein de l’UE, la plus grande part des fonds alloués par les États pour la recherche et le développement, à savoir 52%, ont été consacrés à l’avancement général des connaissances. Ces recherches sont financées à 35,5% par les Fonds publics généraux universitaires (FGU) et à 16,5% par les Fonds de soutien à l’innovation (FSI). L’avancement général des connaissances est suivi de la production industrielle et technologique (10,2%), de la santé (8,3%) et de l’exploration et l’exploitation de l’espace (5,9%).
Bien que les objectifs de 2022 sont majoritairement les mêmes qu’en 2021, l’escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine a eu comme conséquence l’augmentation significative des dépenses liées à la défense (de 2,6% en 2021 à 4,2% en 2022). Paradoxalement, le Luxembourg demeure toujours loin des normes fixées par l’Otan et l’UE dans le domaine de la défense, .
À l’instar de ces homologues européens, le Luxembourg met également l’accent sur la recherche et développement dans l’avancement général des connaissances, avec un financement à hauteur de 31% de son budget par les FGU et de 29% par les FSI. Le Grand-Duché se démarque cependant dans le secteur de la santé puisqu’il y investit 19% de son budget contre 8,3% pour ce qui est de la moyenne de l’UE.
En définitive, le Luxembourg peut et doit mieux faire pour améliorer son secteur recherche et développement, un facteur essentiel pour accroitre l’attractivité et la compétitivité du pays.