«Les patients ont été abandonnés par la politique de santé des 15 dernières années.» Les mots sont durs, et le message est clair. Ils sont signés Alain Schmit, président de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD). «La politique pense que les choses iront mieux demain et que les médecins reviendront dans le pays. La politique pense que les problèmes qu’elle a causés se dissiperont demain. J’appelle cela une politique de santé faite d’idéologie, d’ignorance, d’insouciance, d’incohérence et d’incompétence», a poursuivi le Dr Philippe Wilmes, vice-président de l’AMMD, lors d’une assemblée générale extraordinaire, mercredi 12 octobre.
Pendant un peu plus de deux heures, les membres du conseil d’administration de l’AMMD se sont succédé sur la scène du Centre Atert de Bertrange accueillant environ quelque 250 professionnels de santé du pays. Tour à tour, avis juridiques à l’appui en plus de quelques explications des avocats de l’association des médecins, les problématiques du secteur de la santé au Luxembourg ont été énumérées et expliquées longuement et clairement.
Il y a un malaise qui s’amplifie de plus en plus dans l’ensemble du secteur de la santé. Depuis maintenant des années, le ministère de la Santé ne prend pas au sérieux la situation.
Attente déraisonnable pour une mammographie, faible indemnisation des médecins lors des gardes et astreintes légalement imposées, politique défavorable au libre exercice du métier de radiologue dans le cadre de la polémique autour de l’achat de matériel de radiologie en dehors des structures hospitalières, diminution de l’attractivité du pays pour les médecins et trop faible soutien financier dans le cadre de l’établissement des cabinets dentaires sont autant de sujets qui ont trop traîné et qui n’ont pas trouvé une réponse politique satisfaisante. Pire encore, certains dossiers sont tout simplement bloqués ou même ignorés, selon l’AMMD, qui déplore le manque de dialogue avec l’actuelle ministre de la Santé, (LSAP).
D’ailleurs, les récents exemples montrant l’importance d’un mécontentement dans le secteur de la santé ne manquent pas. En avril dernier, le Centre hospitalier du Nord avait décidé de de son site d’Ettelbruck face au manque de pédiatres spécialisés en néonatologie. Plus récemment, face à une politique de rémunération des gardes et des astreintes inadéquates à la réalité du terrain.
Lire aussi
Pour autant, l’AMMD a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un problème personnel avec la ministre de la Santé actuelle, (LSAP). (LSAP) et (LSAP), également anciens ministres de la Santé, en ont en pris pour leur grade. Sans oublier les différents ministres de la Sécurité sociale, comme (LSAP).
«Nous nous battons pour l’avenir professionnel d’une nouvelle génération de médecins. Mais nous sommes face à un mur politique qui nous empêche d’exercer notre métier dans l’intérêt de nos patients. Il y a un malaise qui s’amplifie de plus en plus dans l’ensemble du secteur de la santé. Depuis maintenant des années, le ministère de la Santé ne prend pas au sérieux la situation. Au final, ce sont les patients qui payent les conséquences d’une politique de santé irresponsable depuis les 15 dernières années», a expliqué Alain Schmit, président de l’AMMD.
Le Gesondheetsdësch, une occasion manquée
Autre point d’exaspération, la politique et . Visiblement à l’opposé de celle de l’AMMD, qui ne cesse d’affirmer un manque de transparence sur le fonctionnement de l’agence eSanté en plus de l’accuser, là encore, avis juridique à l’appui, d’être dans l’illégalité en ce qui concerne le dossier partagé.
À ce stade, il est même difficile d’espérer une solution dans les semaines à venir, tant le dialogue et la confiance semblent être rompus entre l’AMMD et le ministère de la Santé, et ce, d’autant plus que le dernier «Gesondheetsdësch» (table ronde sur la santé) devant servir à remodeler un système de santé jugé «vulnérable» s’est soldé par une «une occasion manquée», selon l’AMMD, qui entend bien faire entendre sa voix, à un an des élections législatives.