Olivier Goemans, head of investments services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg. (Photo: Bil)

Olivier Goemans, head of investments services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg. (Photo: Bil)

L’économie mondiale est-elle au bord de la récession, comme on l’entend souvent? Olivier Goemans, head of investments services and innovation à la Bil, relativise ces prévisions, continent par continent. Avec le constat que l’Europe est sans doute la zone la plus fragile.

La croissance économique s’essouffle, mais nous ne prévoyons pas de récession mondiale. Le ralentissement auquel nous assistons, de même que la faible inflation, a incité la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne à reporter leurs politiques de durcissement monétaire.

Cette situation élimine un facteur de risque important pour les marchés actions. En effet, l’analyse des précédentes récessions montre que, dans la quasi-totalité des cas, l’empressement des banques centrales ou les chocs pétroliers étaient des facteurs déclencheurs. Ce virage accommodant devrait donc permettre au cycle économique d’arriver tranquillement à maturité, au moins pour quelques trimestres encore.

D’un point de vue géographique, c’est aux États-Unis que l’économie est la plus robuste. L’indice de confiance du secteur manufacturier américain est ressorti en mars supérieur aux attentes, à la faveur d’une météo plus favorable qu’en février.

Compte tenu de la solidité de ces tendances sous-jacentes, nous demeurons optimistes à l’égard des États-Unis.

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Les composantes importantes de l’indice ont également affiché des progressions soutenues, notamment l’emploi et les nouvelles commandes. Compte tenu de la solidité de ces tendances sous-jacentes, nous demeurons optimistes à l’égard des États-Unis, bien qu’un peu moins qu’auparavant: l’économie américaine reste exposée à des facteurs externes.

La confiance remonte en Chine

De l’autre côté du Pacifique, la Chine a suscité des craintes quant à un possible ralentissement marqué et imminent pouvant avoir des répercussions dans le reste du monde. Toutefois, au début de cette semaine, l’indice de confiance a affiché une légère hausse en mars, ce qui tend à prouver l’efficacité des mesures de relance mises en place par les pouvoirs publics (réductions d’impôts, dispositifs favorisant le crédit bancaire, etc.).

L’économie européenne, en revanche, semble porter les germes d’une récession. Reste à voir si ceux-ci se matérialiseront. Lundi, l’indice du secteur manufacturier allemand, inférieur à 50 (le seuil délimitant l’expansion et la contraction) pour le troisième mois consécutif, a montré que le secteur n’est pas sorti de la crise. Cette évolution survient dans le contexte d’une baisse brutale du commerce international, qui pèse lourdement sur l’économie allemande très exposée aux exportations.

Le salut de l’Europe pourrait venir de la demande des consommateurs.

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Le salut de l’Europe pourrait venir de la demande des consommateurs (dopée par les salaires réels et la politique budgétaire), d’un relâchement des tensions commerciales ou de la reprise de l’économie chinoise. Néanmoins, les risques baissiers continuent de prédominer, en particulier les incertitudes liées au Brexit au Royaume-Uni et la menace de mesures visant à freiner les importations américaines d’automobiles étrangères.

Les actions restent pertinentes

Pour l’heure, nous détenons encore une part importante d’actions au sein de nos portefeuilles, car les données historiques révèlent que les actifs risqués peuvent toujours prospérer à ce stade du cycle. D’autant plus que les anticipations de croissance des bénéfices pour 2019 ont été sensiblement révisées à la baisse, ce qui réduit le risque de déception.

Par exemple, en janvier, la croissance annuelle du bénéfice par action était estimée à 8%, le marché table aujourd’hui sur 4%. Compte tenu de notre analyse macroéconomique, notre allocation privilégie naturellement les actifs américains, qui peuvent continuer de bénéficier d’un environnement économique toujours positif.