Huit heures par mois de «quality time», des horaires flexibles, 100 jours de télétravail par an et des bureaux satellites pour les frontaliers: voici les mesures de Raiffeisen pour recruter et fidéliser ses salariés. (Photo: Nader Ghavami/Archives)

Huit heures par mois de «quality time», des horaires flexibles, 100 jours de télétravail par an et des bureaux satellites pour les frontaliers: voici les mesures de Raiffeisen pour recruter et fidéliser ses salariés. (Photo: Nader Ghavami/Archives)

Raiffeisen va proposer à ses salariés un jour de repos mensuel supplémentaire pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle. «Quality Time» diffère d’un congé classique, puisqu’il ne peut être pris que durant le mois en cours. La banque mise aussi sur les horaires flexibles, le télétravail et les bureaux satellites pour attirer et fidéliser les talents.

Ce n’est pas un congé comme les autres. À partir du 1er janvier 2023, les salariés de Raiffeisen auront droit, chaque mois, à huit heures de «quality time».

«Une journée libre» résume Laurent Derkum, directeur des ressources humaines de la banque de 650 salariés. Qui s’ajoute aux dont elle partage le statut. ll ne faudra pas justifier son absence. Et les 8 heures pourront être prises en deux demi-journées.

Une différence est à noter cependant: si cette journée de repos n’a pas été prise dans le mois en cours, elle sera perdue. «L’idée n’est pas d’ajouter un jour au compteur, mais d’avoir un autre modèle. Que les salariés la prennent chaque mois pour équilibrer vie privée et vie professionnelle». Il faut cependant la demander à son manager, qui peut en  refuser l’octroi selon les besoins de l’équipe. «Ce n’est pas un droit, on pourrait à tout moment ne plus l’accorder, contrairement au congé légal.»

Des horaires flexibles de 7h à 19h

Cette journée de bonus pourrait être un argument de recrutement. «Nous avons du mal à trouver les bons profils et à garder nos jeunes, qui ont tendance à partir pour la fonction publique», concède Laurent Derkum. «Nous avons donc voulu trouver quelque chose pour nous différencier sur le marché du travail.» Le turnover de la banque se situe cependant «en dessous de 10%».

Au «quality time» s’ajoutent des horaires flexibles. Aujourd’hui, les employés peuvent s’organiser comme ils le souhaitent entre 7h et 19h tant qu’ils travaillent dans les plages fixes de 8h30 à 11h30 et de 14h à 16h. En 2023, les horaires deviendront complètement mobiles entre 7h et 19h. Tout en «respectant les contraintes liées au droit du travail: une pause au bout de six heures, pas plus de dix heures par jour…», cite le DRH. À la fin d’une période de référence de trois mois, «le salarié devra avoir effectué les heures prévues dans le contrat», ajoute-t-il. L’organisation par équipe se fera de manière «très informelle», pour assurer une présence continue, notamment dans les agences.

Le «quality time», légal, à condition d’être transparent

Concernant le télétravail, les employés disposent de 100 jours par an. Mais les frontaliers doivent respecter . Pour ces derniers, trois à quatre bureaux satellites doivent être mis en place «début d’année prochaine». Pour un total de «40 à 50 places» et un budget non précisé. Leurs emplacements ne sont pas encore communiqués, mais il y en aura à chaque frontière. Certains viendront d’un réaménagement de l’espace libre dans des agences existantes, d’autres de location de mètres carrés.

Raiffeisen n’est pas la seule à innover dans la gestion du temps de travail. , .

Interrogée sur l’aspect légal du «quality time», Martine Mirkes, juriste à la Chambre des salariés, estime qu’une situation «plus favorable pour le salarié par rapport au droit du travail est en ordre». Néanmoins, il faut que «l’employeur fasse en sorte que les règles pour y avoir droit soient transparentes. En cas de refus pour les besoins du service, cela doit être justifié de manière objective, pour éviter toute discrimination.»

, avocat spécialisé en droit du travail, confirme que cette organisation est «possible si les conditions de ce jour de repos spécial soient clairement définies et acceptées par le salarié».