C’est dans un univers imaginaire et oppressant que Rachel Maclean a implanté la narration de «I’m terrribly sorry», sa première œuvre en VR. (Photo: Rachel Maclean)

C’est dans un univers imaginaire et oppressant que Rachel Maclean a implanté la narration de «I’m terrribly sorry», sa première œuvre en VR. (Photo: Rachel Maclean)

L’artiste écossaise Rachel Maclean revient au Casino Luxembourg et présente une œuvre en réalité virtuelle, «I’m terribly sorry». Elle a invité à son tour l’Anglais Ben Wheele, qui présente l’installation «Deep I Dark I Dank».

Le Casino Luxembourg assure un travail de suivi auprès des artistes avec lesquels le centre d’art a déjà travaillé et qu’il a déjà exposés. Ainsi, après son exposition monographique en 2015 qui l’avait révélée au public luxembourgeois, Rachel Maclean revient à Luxembourg et présente une œuvre récente: «I’m terribly sorry», vidéo en réalité virtuelle.

«Le Casino Luxembourg avait décidé de mettre en place une programmation dédiée aux œuvres en réalité virtuelle. Mais il faut bien reconnaître que la qualité des œuvres n’est pas toujours au rendez-vous et que maintenir en permanence cet espace n’est actuellement pas possible», explique Kevin Muhlen, directeur du Casino Luxembourg. «Par contre, quand l’occasion se présente, c’est avec plaisir que nous réactivons cet espace du rez-de-chaussée.»

C’est ainsi que Rachel Maclean présente sa première œuvre en réalité virtuelle. «I’m terribly sorry» se déroule dans un décor dystopique d’une ville britannique, habitée de gadgets touristiques portés à l’échelle géante et arborant ostensiblement l’Union Jack.

Avant de passer le casque de VR et la manette qui permettra d’interagir, les visiteurs sont invités à entrer dans une installation qui met en condition: rideaux rouge et bleu autour de la porte, petits tapis au motif de l’Union Jack et lignes du drapeau britannique déstructuré peintes au mur tel un motif devenu abstrait. Puis, une fois équipé, le visiteur est plongé dans une narration qui prend place sur une avenue de cet univers urbain. Des citoyens privilégiés, affublés de smartphone en guise de tête, s’avancent vers l’utilisateur et commencent à lui parler pour lui réclamer de l’argent. D’abord inoffensive, la discussion devient de plus en plus confuse, tendue jusqu’à devenir agressive. L’utilisateur est, pour seule défense, invité à prendre ces personnages en photos, comme pour enregistrer un témoignage de leur «dérapage». Mais comment tout cela va-t-il se terminer?

«Il s’agit de ma première œuvre en réalité virtuelle», explique l’artiste Rachel Maclean. «J’avais déjà fait des vidéos immersives et j’étais très excitée, et un peu effrayée à la fois, d’explorer les possibilités de cette nouvelle technique. J’y ai trouvé un intérêt pour la verticalité et la proximité qu’elle permet.» Sans délivrer de message précis, cette œuvre peut être tout autant interprétée comme une réaction de l’artiste au Brexit ou une critique de la violence gratuite dans les jeux vidéos.

Immersion dans le «dark web»

Sur proposition du Casino, Rachel Maclean a pu inviter à son tour un artiste pour exposer dans l’espace attenant au sien. Elle a choisi Ben Wheele, spécialisé dans l’animation numérique. Il propose un univers qui s’inspire de la fête foraine, mais aussi du «dark web».

Dans un espace entièrement peint en noir, peuplé de monstres fluorescents et à la bande-son mêlant bruits d’égouts, cris de chats et bruits de pattes d’insectes, on découvre sur des écrans des vidéos de l’artiste qui a construit des mondes fantastiques, aux créatures grotesques et lugubres, faisant référence au dark web et au côté sombre de YouTube. Terreur et complot s’entremêlent, mais avec une bonne dose d’humour noir. On y retrouve le caractère viral de ces personnages et tout le vocabulaire inhérent aux utilisateurs du dark web.

Les plus avertis pourront y trouver des références aux personnages de films d’animation d’Europe de l’Est ou à l’univers surréaliste, mais aussi aux personnages animés de Pixar. Mais toutes ces animations montrent surtout la perte de l’innocence de la génération internet et la domination depuis la marge du dark web.

«I’m terribly sorry» et «Deep I Dark I Dank», jusqu’au 19 avril au