François Bausch a rendu visite aux membres de l’armée luxembourgeoise en Lituanie. Ils effectuent des rotations de quatre mois. (Photo: Emmanuel Claude/SIP)

François Bausch a rendu visite aux membres de l’armée luxembourgeoise en Lituanie. Ils effectuent des rotations de quatre mois. (Photo: Emmanuel Claude/SIP)

Six membres de l’armée luxembourgeoise sont en Lituanie, dans le cadre de la présence renforcée (EFP) de l’Otan. Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre François Bausch leur a rendu visite mercredi 4 mai.

Ils sont six. Quatre depuis le début d’année (la date exacte ne peut être communiquée pour des raisons de sécurité), deux depuis le 28 février, en raison de la guerre en Ukraine (cette information a cette fois été communiquée publiquement). Ensemble, ils composent le groupe luxembourgeois présent en Lituanie dans le cadre de l’enhanced forward presence (EFP).

Mise en place en 2017 par l’Otan, après l’annexion illégale de la Crimée par la Russie, elle vise à assurer une présence de l’organisation en Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne. De nouveaux groupes ont été installés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie depuis le début de la guerre en Ukraine. L’armée luxembourgeoise a contribué au groupement sous commandement allemand en Lituanie dès 2017 avec un peloton de transport pendant quatre mois. Puis, pendant quatre mois supplémentaires en 2018, avec un peloton de reconnaissance renforcé par une équipe de maintenance. Ce sont, depuis janvier 2020, quatre militaires luxembourgeois – et maintenant six – qui se succèdent tous les quatre mois, au sein de l’équipe de transport. Ils collaborent avec des soldats allemands, belges, tchèques, islandais, néerlandais et norvégiens au sein de la 11e rotation EFP en Lituanie, qui compte plus de 1.600 soldats de l’Otan.

Sans crainte

En visite de travail dans les pays baltes, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, (déi Gréng), a rencontré les soldats luxembourgeois présents, mercredi 4 mai. Ils étaient cinq, le sixième étant occupé en mission. Parmi eux, Marcelo, 26 ans. Il a rejoint la Lituanie pour quatre mois en début d’année. «J’ai eu le choix entre le Mali et la Lituanie», détaille-t-il. Il a préféré retourner, pour sa deuxième mission depuis qu’il a rejoint l’armée en 2015, là où il avait déjà été envoyé en 2017, au sein du premier peloton de transport luxembourgeois. À l’époque, «nous étions une vingtaine», se souvient-il.

Ses premières heures quotidiennes à la base de Rukla? «Nous prenons les clés du camion, les allumons. Nous buvons un café. Puis, nous avons des missions», qui diffèrent chaque jour. «Cela peut être transporter des munitions d’un dépôt à l’autre, comme aller chercher des bancs», illustre-t-il. «Notre quotidien, c’est d’aider, c’est une mission réelle.» Même si les soldats doivent aussi se tenir prêts en cas d’attaque. Si cela devait arriver, «nous devrions nous mettre en place pour transporter du diesel, de l’eau, de la nourriture». Il assure cependant ne pas avoir de craintes à ce sujet.

Des soldats volontaires

Même sentiment de confiance pour André, 23 ans, arrivé à la même période que Marcelo. Il s’agit de sa toute première mission à l’étranger. «C’est bien de travailler avec d’autres nations, on apprend beaucoup à leur contact», explique le jeune homme, qui a rejoint l’armée luxembourgeoise il y a deux ans.

Matt, 35 ans, dirige le détachement luxembourgeois en Lituanie. Il a également rejoint la rotation en début d’année. «Ce n’était pas prévu, mais la personne qui devait partir a eu un accident. On a demandé qui était volontaire pour la remplacer, j’ai dit oui en premier», raconte-t-il fièrement. Partir à l’étranger, c’est ce que préfère celui qui a rejoint l’armée en 2004. Il a déjà effectué sept missions hors du Luxembourg. Il doit revenir au Grand-Duché en milieu d’année, seulement pour quelques semaines. «Ensuite, je vais au Canada pour une formation», dit-il en souriant. Si les déplacements ne sont pas nouveaux pour lui, ça l’est en revanche pour sa famille, fondée récemment. Ce qui le pousse à «réfléchir» sur leur fréquence, admet-il, «mais c’est mon boulot».

La langue et l’approche logistique

Les soldats luxembourgeois ont pu présenter leur matériel à François Bausch lors d’une visite guidée de leur base à Rukla. Des camions kaki plus gros les uns que les autres, garés le long d’allées poussiéreuses. Ils ont ensuite eu un échange avec le ministre et le chef d’état-major de l’armée, le général Steve Thull.

«Nous sommes très contents que les soldats soient bien intégrés dans le contingent sur place», commente François Bausch. Il a reçu des retours positifs sur «leur engagement et leurs compétences», que ce soit parce qu’ils sont trilingues ou pour leur «approche de la logistique».

C’est pour nous très important d’être présents sur place pour démontrer notre solidarité.
François Bausch

François Bauschministre de la Défense

«C’est pour nous très important d’être présents sur place pour démontrer notre solidarité», explique-t-il. Mais aussi pour rassurer la population lituanienne. «Elle a une histoire avec son grand voisin, [ses habitants] ont peur.» L’EFP sert à «montrer la ligne rouge à ne pas dépasser».

Le règlement grand-ducal autorise, pour le moment, une participation maximale de 10 militaires par rotation. L’effectif, passé de quatre à six militaires, pourrait-il être augmenté? «Cela pourrait être évoqué dans le cadre des discussions lors du sommet de Madrid», prévu en juin prochain. François Bausch s’attend en tout cas à ce que les pays de la région demandent des renforts. Le Luxembourg pourrait alors «augmenter sa présence ici ou ajouter d’autres groupes. Nous allons voir, nous coordonner avec nos partenaires de l’Otan et regarder ce qui est faisable ou non.»

Car des soldats luxembourgeois sont présents dans d’autres pays, comme au Mali, où ils étaient 22 en avril dernier. «Aujourd’hui, je ne peux pas dire si la mission va durer au-delà de 2022.» En milieu et fin d’année, nous en apprendrons donc plus sur la présence de l’armée luxembourgeoise à l’étranger.