Une part des chômeurs de longue durée le deviennent à cause d’une incapacité de travail ou d’un handicap. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Une part des chômeurs de longue durée le deviennent à cause d’une incapacité de travail ou d’un handicap. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Âge, niveau de qualification, stratégie pour retrouver un emploi… L’Adem nous explique qui sont les demandeurs d’emploi de longue durée au Luxembourg et pourquoi leur nombre continue d’augmenter, si l’on compare à 2020.

12 mois. Passée cette période au chômage, l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem) parle de demandeurs d’emploi de «longue durée».

En avril 2021, ils étaient 9.037 résidents disponibles et inscrits à l’Adem depuis plus de 12 mois, soit 8,9% de plus qu’en avril 2020, au cœur de la crise sanitaire. Alors que le nombre de demandeurs d’emploi global diminue de 9,9% en un an.

En comparaison avec avril 2019, les chômeurs de longue durée sont même 36,2% plus nombreux aujourd’hui. Ils représentaient respectivement 40,98% (avril 2019) et 42,95% (avril 2020) des demandeurs d’emploi résidant au Grand-Duché, contre 49,52% aujourd’hui.

Des chômeurs plus âgés et moins qualifiés

Quel est le profil de ces chômeurs de longue durée qui suscitent des inquiétudes? «Il s’agit souvent de personnes âgées de plus de 45 ans qui ne sont plus en mesure d’exercer leur profession traditionnelle pour des raisons de santé. Il peut également s’agir de directeurs de banque en burn-out ou d’employés ayant subi un long traitement contre le cancer», explique l’Adem. «Dans la plupart des cas, cependant, il s’agit de personnes peu qualifiées qui ont dû effectuer des travaux physiques lourds dans le cadre de leur emploi, comme les ouvriers du bâtiment ou les nettoyeurs. Lorsque leurs genoux ou leur dos commencent à lâcher, ces travailleurs n’ont généralement pas d’autre choix que de recourir à la réadaptation professionnelle externe.»

On note qu’en avril 2021, 14,5% des demandeurs d’emploi de longue durée étaient en capacité de travail réduite, 11,98% en situation de handicap et 3,3% cumulaient les deux statuts, des taux supérieurs à la moyenne. Plus de la moitié ont 45 ans ou plus (53,35%) et 35,08% ont entre 30 et 44 ans.

Ces demandeurs d’emploi sont souvent moins qualifiés que les autres. 53,75% ont un diplôme du secondaire inférieur (c’est-à-dire ayant terminé avec succès au maximum l’équivalent d’une classe de 3e ou de 11e), 26,79% dans le secondaire supérieur (ayant terminé avec succès au maximum l’équivalent d’une classe de 1re ou de 13e) et 19,46% dans des études supérieures post-secondaires. Les taux moyens pour l’ensemble des demandeurs d’emploi sont de 44,42% pour un diplôme du secondaire inférieur, 31,32% pour un du secondaire supérieur et 24,25% pour des études supérieures.

La formation, clé

Or, pendant la crise, «la lutte pour les postes vacants est devenue plus rude», estime l’Adem. «Comme beaucoup de chômeurs de longue durée n’ont que de faibles qualifications, ils sont généralement perdants face aux personnes plus qualifiées.»

Et la formation n’était pas toujours au rendez-vous. «Lors du confinement au printemps 2020, plusieurs formations de l’Adem ont été annulées, ce qui n’a pas aidé. Le passage aux cours en ligne a été difficile. C’était un véritable défi, tant pour les formateurs que pour les participants.»

Or, plus le temps de chômage passe, plus le retour au travail semble difficile. «Ce sont toujours les profils les plus solides qui retrouvent le plus rapidement un emploi pendant et immédiatement après une crise. Cette tendance ne changera pas fondamentalement dans les mois à venir. Les personnes au parcours plutôt difficile s’éloignent chaque jour un peu plus du marché du travail, ce qui pèse également sur leur psychisme. C’est comme un cercle vicieux dans lequel divers effets négatifs se renforcent mutuellement.»


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Les secteurs les plus touchés sont, sans surprise, l’horeca, l’événementiel, le commerce de détail. «Dans le secteur de la construction, bien que la situation des commandes soit excellente, il y a des pénuries de matériaux. Cela aussi pourrait entraîner un ralentissement des recrutements», prévoit l’agence.

Que faire pour sortir de ce cercle vicieux? «Il existe encore beaucoup de préjugés à l’encontre des chômeurs de longue durée, notamment à l’encontre des travailleurs handicapés», dit l’Adem. Elle affirme sensibiliser les entreprises à ce sujet et promouvoir la formation, en citant son programme FutureSkills destiné à renforcer les compétences numériques et sociales.

Moins d’activité pour les chômeurs de longue durée

Le nombre de demandeurs d’emploi inactifs depuis plus de 12 mois a lui aussi augmenté, de 19,9% en un an et de 67% en deux ans. Ce sont les personnes inscrites à l’Adem depuis plus de 12 mois et qui, pendant cette période, n’ont pas été en emploi, ou affectées à une mesure pour l’emploi. Elles étaient 6.931 au total en avril 2021, le reste ayant par exemple pu bénéficier de missions d’intérim au cours des 12 mois de chômage. 

L’Adem ne dispose pas de données quant aux inactifs, qui permettraient de voir si le nombre de personnes perdant espoir et arrêtant les démarches vers l’emploi a évolué avec la crise sanitaire ou non. «La durée d’indemnisation est en général de 12 mois, sauf dans certains cas», explique Pierre Gramme, du service Études et statistiques. Il estime que sur les 18.249 demandeurs d’emploi, plus de 8.000 ne sont plus indemnisés, mais restent inscrits à l’Adem pour bénéficier d’un accompagnement. Ce qu’il conseille, pour retrouver un emploi.

Surtout que, tant qu’il reste indemnisé, le chômeur cotise pour sa pension de retraite via son revenu de remplacement. Même si le montant est moins élevé qu’avec un salaire. D’autres aides existent ensuite, comme le (Revis).