Peu connu hors des États-Unis, Joe Biden est un homme politique à l’ancienne très respecté. (Photo: Shutterstock/Stratos Brilakis)

Peu connu hors des États-Unis, Joe Biden est un homme politique à l’ancienne très respecté. (Photo: Shutterstock/Stratos Brilakis)

Si l’homme en est à sa troisième tentative pour conquérir la présidence des États-Unis, son profil reste méconnu de ce côté de l’Atlantique. Il sera néanmoins le 46e président des États-Unis.

est un pur produit du sérail politique américain. Du microcosme pourrait-on dire. Un homme de parti. Né en 1942, il est élu au Sénat en 1972 comme représentant du Delaware. Il ne le quittera qu’en 2009 pour devenir le vice-président de Barack Obama.

Il y sera président de la Commission judiciaire de 1987 à 1995. Il est également actif en matière de politique extérieure et est membre du comité des affaires étrangères, et acquiert durant cette période de sa vie une réputation de serial-gaffeur qui le suit encore aujourd’hui. Plus qu’un maladroit, c’est un homme bouillonnant à qui il arrive de parler spontanément.

À l’aile droite du parti démocrate

Politiquement parlant, il est situé à l’aile droite du parti démocrate. C’est surtout un pragmatique qui arrive à concilier de multiples contradictions et à les dépasser. Par exemple, en matière de politique raciale, il a été contre le régime d’Apartheid en Afrique du Sud tout en étant opposé au système de «busing» – pratique consistant à encourager la mixité dans les bus –. Ses amitiés avec des personnalités ouvertement racistes lui ont aussi été reprochées. Mais il a choisi comme vice-présidente une femme métisse jamaico indienne qui sera, s’il est élu, la première femme de couleur à ce poste.

Issu d’une famille catholique irlandaise, comme Joseph Fitzgerald Kennedy, il a été lui-même le premier vice-président catholique de l’histoire du pays. Catholique, il est favorable au droit à l’avortement. Mais il est hostile à son financement public. Position sur laquelle il a évolué durant sa campagne à la Maison-Blanche. Évolution également dans son opposition au mariage homosexuel, dossier sur lequel il a poussé Barack Obama à agir.

D’un milieu très aisé, il tisse de forts liens avec l’électorat populaire. Mais il vote la réforme de l’impôt fédéral menée par Ronald Reagan. Réforme qui a réduit le taux marginal d’imposition – celui qui touche les plus riches – à 28%. Durant cette carrière, il se forge une image rassurante de «démocrate à l’ancienne» et d’homme honnête qui ne s’est pas enrichi dans la politique.

Deux essais non transformés

Si sa carrière sénatoriale est réussie, sa course à la Maison-Blanche sera plus chaotique. Cette campagne de 2020 marque sa troisième tentative. Il a en effet déjà été défait trois fois au niveau des primaires en 1988 et en 2008. Selon la politologue Nicole Bacharan, il n’a jamais impressionné comme candidat à la présidentielle. Et n’a pas vraiment dérogé à cette règle en 2020…

En 2008, face à Barack Obama il lui reproche sa «faible capacité de jugement en matière de politique étrangère» et affirme qu’il n’est pas prêt pour être président. Serial-gaffeur… Des propos qui ne l’empêcheront pas de tisser des liens forts avec Obama durant leur collaboration à la Maison-Blanche, et même après. Ce dernier le choisit pour son expérience internationale et pour son lien avec l’électorat populaire.

En 1988, il avait abandonné suite au plagiat d’un discours de Neil Kinnock, ancien chef du parti travailliste anglais. Avec en prime une double rupture d’anévrisme.

Des tragédies en série

Catholique comme Kennedy, il partage avec cette famille la multiplicité des tragédies. En 1972, il perd sa femme et sa fille dans un accident de voiture provoqué par un chauffard. Ses deux fils sont gravement blessés. Son fils ainé mourra en 2015 d’un cancer au cerveau.

Si on devait résumer Joe Biden, on pourrait dire que c’est un homme de devoir, un homme fidèle, un homme ouvert.

Et résistant.