Le conseil de Étienne de Callataÿ pour 2023: ne pas avoir peur, et, si vous en avez les moyens, augmenter le profil de risque dans votre portefeuille. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le conseil de Étienne de Callataÿ pour 2023: ne pas avoir peur, et, si vous en avez les moyens, augmenter le profil de risque dans votre portefeuille. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Étienne de Callataÿ est le cofondateur et le chief economist d’Orcadia Asset Management. Il nous livre ses prévisions de marché pour 2023.

Sous quels auspices sera placée l’année 2023?

Étienne de Callataÿ. – «2023 sera une année difficile sur le plan économique. Nous subirons le plein effet de l’emballement des prix de l’énergie, tandis que les consommateurs se poseront des questions sur la détérioration du marché du travail, ce qui ne manquera pas d’arriver. J’anticipe un risque lié à la consommation.

Écartez-vous le scénario d’une récession?

«Il y a “récession” et “récession”… Une petite récession ressemble plus à une petite croissance qu’à une grande récession. Les difficultés qui s’annoncent ne sont en tout cas en rien à comparer avec les difficultés qui ont été les nôtres en 2020 ou lors de la crise financière de 2008.

Est-ce de nature à rassurer les marchés?

«2023 sera une bonne année. Parce que, comme souvent, les marchés anticiperont des difficultés moins graves que ce que d’aucuns redoutaient encore il y a peu. Ils sauront rebondir avant même que l’on ne soit définitivement sorti de ce mauvais pas macroéconomique conjoncturel.

Les entreprises surmonteront-elles ce mauvais contexte?

«Les marchés, en particulier les marchés actions, reposent sur des bénéfices futurs anticipés exprimés en dollars ou en euros d’aujourd’hui. Pour moi, les entreprises vont de nouveau être capables de maintenir un niveau élevé de bénéfices, même dans un contexte économique moins porteur.

Les entreprises vont de nouveau être capables de maintenir un niveau élevé de bénéfices, même dans un contexte économique moins porteur.
Étienne de Callataÿ 

Étienne de Callataÿ cofondateur et chief economistOrcadia Asset Management

La remontée des taux d’intérêt est au cœur de l’actualité. En voyons-nous le bout?

«Nous nous approchons du sommet. Ce qui est une bonne nouvelle pour les marchés. En passant de 0% à 2,5%, on a fait l’essentiel du chemin. Il est permis de penser que nous devrons rester avec des taux d’intérêt bas parce que les finances publiques des États ne peuvent pas se permettre autre chose.

De fait, l’inflation est-elle condamnée à rester forte?

«On assiste à la résurgence d’un clivage entre ceux qui pensent que l’inflation est due à une politique monétaire trop accommodante et ceux qui pensent que sa cause est ailleurs. Je me range de manière résolue dans le second camp. Et si ce n’est pas la politique monétaire qui a été source de cette inflation, ce n’est pas la politique monétaire qui sera la solution. Espérons que nous aurons l’intelligence de ne pas trop monter les taux.

Où se situent les meilleures opportunités sur les marchés?

«Dans les marchés actions. Et là où les valorisations sont les plus faibles, c’est-à-dire partout, sauf aux États-Unis.

C’est donc un bon moment pour rentrer sur le marché?

«Tout à fait. Qui achète aujourd’hui n’aura pas de regrets. Il se pourrait qu’il ait l’occasion, dans une semaine, dans un mois, d’acheter moins cher. Mais par rapport au niveau de valorisation que l’on connaîtra dans 5 ou 10 ans, celui qui aura acheté ici se félicitera de l’avoir fait.

À quoi devront faire attention les investisseurs?

«D’abord à l’évolution des taux d’intérêt. Le deuxième risque est géopolitique, lié à une escalade de la guerre ou à une dégradation de nos relations avec la Chine.»

Cette interview a été rédigée pour l’édition magazine de  parue le 14 décembre 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam. 

 

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