«Dans chaque secteur, il y a toujours des précurseurs, et si leurs idées sont convaincantes, elles se diffusent», estime Serge Allegrezza. (Photo: Julien Becker / Archives)

«Dans chaque secteur, il y a toujours des précurseurs, et si leurs idées sont convaincantes, elles se diffusent», estime Serge Allegrezza. (Photo: Julien Becker / Archives)

M. Allegrezza, le thème de la compagnie du futur s’est-il imposé naturellement pour marquer cette Journée de l’économie 2017?

«Naturellement, non. Nous avons eu un long brainstorming avec les organisateurs (le ministère de l’Économie, la Chambre de commerce, la Fedil, en collaboration avec PwC Luxembourg, ndlr) pour définir le thème de cette journée. Nous avons passé en revue pas mal de sujets. Nous voulions capitaliser sur le lancement du rapport Rifkin et s’axer sur la troisième révolution industrielle et les nouvelles technologies. Finalement, nous nous sommes tout simplement demandé ce que deviendrait la nature de l’entreprise au milieu de toutes ces évolutions.

L’économie de partage ou de plateforme, qui permet de relier consommateurs et producteurs, est quelque chose de concret. Mais comment s’articulera l’entreprise de demain autour de ces nouveaux modes de fonctionnement? Voici le cheminement qui nous a menés à ce thème.

C’est un thème dont on parle beaucoup et depuis quelque temps déjà. Qu’attendez-vous des intervenants qui ont été invités?

«Qu’ils puissent apporter un éclairage. Il s’agit d’un exercice difficile, car nous sommes tous piégés par nos modes de pensée qui pèsent lourdement sur notre façon d’appréhender l’avenir. Nous sommes habitués à nous retrouver autour d’un bureau pour travailler, par exemple. Mais cela tend à disparaître et dans le futur, les lieux de travail seront certainement de plus en plus dispersés géographiquement.

Deviendrons-nous tous des indépendants engagés dans des projets volatiles et changeants, ou bien ces transformations ne se produiront que dans certains secteurs? Nous ne trouverons pas des réponses à toutes ces questions. Mais il s’agira d’imaginer ces futures évolutions. Ce sera surtout exploratoire. Il y a encore peu de littérature sur la question et nous sommes dans une phase de recherche.

Si les grandes entreprises présentes au Luxembourg semblent anticiper le virage de la troisième révolution industrielle, qu’en est-il du tissu des PME? Sont-elles prêtes et intéressées à devenir des «entreprises du futur»?

«En dehors du secteur des nouvelles technologies, les petites et moyennes entreprises ne sont évidemment pas à la pointe de ces changements. Mais je pense qu’elles appliquent le principe de précaution. Avant de se lancer dans des investissements lourds et de réorganiser complètement leur méthode de travail, elles attendent de voir comment tout cela va évoluer.

Dans chaque secteur, il y a toujours des précurseurs. Et si leurs idées sont convaincantes, elles se diffusent. Je ne suis donc pas inquiet. Je me souviens de ce qu’on disait de la nouvelle économie dans les années 2000, quand internet se développait. On était déjà inquiets pour les PME. Mais un temps d’adaptation est nécessaire. C’est même une bonne approche selon moi.»