Pour Sylvain Chery, les équipes informatiques souffrent d’un manque de priorisation des urgences et des demandes. (Photo: DR)

Pour Sylvain Chery, les équipes informatiques souffrent d’un manque de priorisation des urgences et des demandes. (Photo: DR)

Monsieur Chery, que désigne le terme DevOps? Cette distinction est-elle nouvelle?

«DevOps désigne une culture de collaboration entre les différentes fonctions IT qui concourent à l’atteinte d’un objectif commun: créer de la valeur pour l’entreprise. Le terme DevOps fait évidemment d’abord penser aux Dev (Développement logiciel) et aux Ops (Operations ou 'exploitation' en français), mais il faut le comprendre dans un sens plus large et inclure les autres fonctions telles que l’Assurance qualité, la Sécurité, etc.

Par extension, DevOps désigne un ensemble d’outils et de pratiques qui sont utilisés pour favoriser cette culture de collaboration et assurer une livraison de valeur la plus fluide possible. Ce mouvement a commencé à émerger en 2009 et est largement inspiré par les géants du web (Google, Amazon, Flickr, Facebook, Twitter…) qui ont dû développer de nouvelles stratégies d’organisation et des nouvelles technologies pour faire face à des défis inédits en termes de flexibilité, de croissance, etc. Aujourd’hui, alors que ces nouvelles technologies (virtualisation, cloud…) se répandent rapidement dans les entreprises plus classiques, celles-ci réalisent que DevOps peut les aider à en tirer parti et à décloisonner les fonctions IT pour livrer des produits de meilleure qualité et plus rapidement.

L’engouement est donc croissant, mais le chemin est encore long pour beaucoup d’entreprises qui, avec le temps, se créent des silos entre les équipes de Développement, Operations, QA… les outils sont déjà là et mûrissent un peu plus chaque jour, mais un changement culturel prend du temps.

Dans votre atelier, vous parlerez de Kanban… de quoi s’agit-il?

«On peut classer Kanban dans la catégorie des méthodes agiles, aux côtés de Scrum notamment. C’est un mode d’organisation du travail basé sur quelques principes simples: utiliser le management visuel, limiter le travail en cours, travailler en flux tiré, créer des boucles de feed-back rapide et s’améliorer continuellement de manière collaborative. Cela s’intègre naturellement dans une démarche DevOps qui vise à fluidifier la livraison de logiciel et à mettre très régulièrement de nouvelles fonctionnalités à disposition des utilisateurs et des clients de l’entreprise.

Concrètement, cela se traduit par l’utilisation de tableaux (physiques ou électroniques) sur lesquels sont représentés les étapes du processus et le travail en cours. Grâce à un ensemble de règles clairement établies, les équipes peuvent organiser leur travail en tenant compte des priorités de l’entreprise et livrer rapidement des résultats de qualité. L’avancement et les priorités sont visibles de tout ce qui facilite la communication, la collaboration et la confiance. Enfin, comme dans toute approche agile, l’amélioration continue est un point clé de la démarche.

L’approche Kanban appliquée au monde de l’IT… Est-ce nouveau? Quelle est la plus-value?

«Cela fait une dizaine d’années que Kanban est appliquée dans le monde IT. Il y a bien sûr des racines communes avec le Lean et le monde industriel, mais avec quelques spécificités, car dans le monde IT on travaille avec de l’immatériel (du code, des données). Une des plus-values est donc de rendre visible ce qui est largement invisible afin de mieux gérer notre travail et de trouver un juste équilibre entre la capacité d’une équipe et la charge de travail qui lui est demandée.

On a encore trop tendance à surcharger les équipes avec des demandes nombreuses et toujours plus prioritaires les unes que les autres. Il leur est parfois impossible de savoir où sont les vraies priorités de l’entreprise pour pouvoir se concentrer dessus, ce qui ralentit finalement tout le système. Kanban aide à réguler le flux de travail, à identifier les points de blocage et à provoquer les bonnes discussions nécessaires pour trouver des pistes d’amélioration. Mais attention, Kanban n’est qu’un révélateur, il ne s’agit pas d’une solution magique, et ce sont souvent les managers qui doivent prendre leurs responsabilités pour améliorer les choses.»

Les inscriptions à la journée de workshops sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.