«La définition de l’échec revêt plusieurs sens: celui de faillir, certes, mais aussi celui de s’octroyer la possibilité de rebondir.» (Photo: DR)

«La définition de l’échec revêt plusieurs sens: celui de faillir, certes, mais aussi celui de s’octroyer la possibilité de rebondir.» (Photo: DR)

Quels sont les leviers que les entreprises peuvent – et doivent – actionner pour s’engager dans des démarches d’innovation?

«L’innovation, c’est avant tout un levier majeur en matière de croissance d’activité et de rentabilité. Pour s’engager dans un tel processus, il est important de définir dans quelle mesure l’entreprise souhaite s’investir. L’innovation en tant que telle peut être définie à des degrés différents. On peut distinguer l’innovation incrémentale de l’innovation radicale. On fait alors la différence entre améliorer un produit ou service déjà existant et le fait de proposer une nouveauté à la fois pour le marché mais aussi pour l’entreprise. Il est possible également de se distinguer en améliorant le business model de l’entreprise. Plusieurs alternatives s’offrent à nous avec notamment ‘l’intégration’, qui consiste à s’investir pleinement tout au long du processus d’innovation, en assurant la production jusqu’à la stratégie marketing.

C’est une action coûteuse qui nécessite une gouvernance solide et des décisions fermes tant au niveau de la stratégie que de l’organisation. L’entreprise peut opter pour le ‘Licensing’: cette deuxième approche ne nécessite pas de ressources pour commercialiser l’innovation et sera préférée par les entreprises n’ayant pas les infrastructures nécessaires à un développement interne de l’innovation. Elle sera certes moins rentable, mais peu onéreuse et les risques à gérer seront moindres. Enfin, l’entreprise peut raisonner par ‘orchestration’, en combinant talents internes et compétences externes, c’est ce qu’on appelle ‘l’open innovation’.

Être dans une situation d’échec est très souvent perçu comme un frein dans la démarche d’innovation mais c’est pourtant dans l’adversité que nous prenons conscience des opportunités.

Sabrina Lemaire, CA Indosuez

Quand la méthode d’‘open innovation’ est aboutie, elle peut même parfois déboucher sur l’intrapreneuriat, c’est-à-dire ‘l’action d’agir comme un entrepreneur en travaillant au sein d’une organisation dans laquelle vous êtes employé.’ Cela permet à l’organisation ‘d’incuber’ les projets innovants qui germent en son sein et en favoriser l’émergence, qui, en d’autres circonstances, pourraient se retrouver étouffés par manque de flexibilité de la structure.

Comment faire en sorte que l’échec constitue un tremplin et non un frein à une démarche d’innovation?

«Être dans une situation d’échec est très souvent perçu comme un frein dans la démarche d’innovation mais c’est pourtant dans l’adversité que nous prenons conscience des opportunités. Winston Churchill disait que ‘le succès, c’est aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.’ Une façon de nous dire que l’échec est un apprentissage. La définition de l’échec revêt plusieurs sens: celui de faillir, certes, mais aussi celui de s’octroyer la possibilité de rebondir. Définir l’échec, c’est aussi s’interroger sur le sens du mot ‘réussir’. Dans un processus d’innovation, il est indispensable de se poser la question de la réussite attendue. Est-elle uniquement limitée au succès commercial? Une innovation impacte tant de facteurs dans l’entreprise que l’on pourrait envisager la réussite pour chacun de ces facteurs.

La culture de l’innovation intègre totalement le risque d’échouer. Pour innover, il faut faire des essais, donc faire des erreurs. C’est ce qu’on appelle communément les itérations, celles-là mêmes qui nous permettent de tester, corriger, répéter. C’est ainsi que l’innovation trouve son écho dans le mode de gestion ‘agile’ qui permet d’ajuster en temps réel sans avoir à aller au bout du processus si celui-ci est mal embarqué. 

L’échec permet à l’entreprise d’identifier les points faibles du projet mais surtout les erreurs à ne pas reproduire. Il est même essentiel que des essais soient conclus par des échecs afin d’anticiper et d’optimiser le prochain projet.

L’image renvoyée par l’entreprise, si innovante soit-elle, ne peut être forte et se distancier plus facilement de ses concurrents que si elle permet également la mobilisation des collaborateurs internes.

Sabrina Lemaire, CA Indosuez

Dans quelle mesure l’innovation constitue-t-elle un élément-clé dans la valorisation de votre entreprise?

«L’innovation n’est pas nécessairement révolutionnaire. Peu importe le domaine de l’entreprise, en apportant des améliorations simples et de façon progressive, l’effort d’amélioration se fera ressentir par le client et celui-ci en sera reconnaissant. La démarche d’innovation est bénéfique sous plusieurs aspects. En créant de la valeur, l’entreprise peut envisager une meilleure maîtrise du marché ou même se positionner sur de nouveaux marchés. Rester concurrentiel est l’une des préoccupations premières des entrepreneurs. Pour ce faire, l’anticipation du besoin du client est essentielle afin de bien entamer la démarche d’innovation. L’image renvoyée par l’entreprise, si innovante soit-elle, ne peut être forte et se distancier plus facilement de ses concurrents que si elle permet également la mobilisation des collaborateurs internes. Tous ces éléments qui constituent la valeur d’une entreprise.

Si tout le monde s’accorde sur la notion de création de valeur qui reflète la conjonction du modèle économique de l’entreprise et de ses actifs immatériels sous-jacents, intégrer ce concept dans la vision stratégique lui permet de l’affuter. En effet, optimiser la valeur des actifs – surtout immatériels – et les évaluer permettra de procéder à l’évaluation de l’ensemble de l’entité.

Le consensus actuel est que l’innovation est le moyen premier de créer de la valeur dans les entreprises. Par création de valeur, il faut entendre la création d’activités économiques nouvelles ou innovantes capables de générer des revenus futurs et de nouveaux emplois.

En revanche, le consensus commence seulement à s’établir sur le fait que l’innovation n’est pas seulement technique. Autrement dit, la création d’activités économiques nouvelles ou innovantes ne passe plus seulement par des savoir-faire techniques et des brevets.

En effet, dans une économie très ouverte, où notamment internet transforme la logistique de l’offre, l’innovation se détermine à tous les stades des chaînes de valeur.

L’innovation provient de la capacité de créer et de mettre en valeur tous les actifs immatériels donnant un avantage concurrentiel; la notion d’actifs immatériels s’impose, car bien avant les actifs corporels, ils sont davantage créateurs de valeur. Le ratio de la valeur boursière sur les fonds propres, qui révèle l’existence d’actifs immatériels, le confirme amplement.»

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