«Nous sommes tous 'équipés' de plein d’instruments: le visage, les yeux, la bouche, les mains, etc., et on oublie souvent de les utiliser…» (Photo: Paperjam Club)

«Nous sommes tous 'équipés' de plein d’instruments: le visage, les yeux, la bouche, les mains, etc., et on oublie souvent de les utiliser…» (Photo: Paperjam Club)

Quelles sont les principales erreurs faites par les dirigeants lors d’une prise de parole en public? 

«Tout d’abord, la définition du mot 'erreur' est assez subjective car il n’existe pas une méthode unique de présentation. Il y a de très bons orateurs avec peu de mouvements sur scène et peu de communication 'non verbale' mais qui maîtrisent leur sujet tellement bien qu’ils inspirent l’audience par leur capacité à raconter une histoire vraiment passionnante. D’autres, par contre, essaient d’animer au maximum leur public sans savoir les convaincre avec des messages clés. En général, je constate pas mal de manquements auprès des orateurs. Tout d’abord le manque de préparation. C’est une étape cruciale pour bien réussir sa présentation! Quelqu’un demande à faire une présentation et toute de suite cette personne se met derrière son ordinateur pour préparer les slides. Il faut cependant d’abord se poser quatre questions: 'Qui est l’audience?', 'Quel est l’objectif de ma présentation?', 'Pourquoi c’est moi qui dois intervenir?' (en d’autres termes, il faut justifier son rôle.) et 'Quels sont les messages clés à retenir de ma présentation?'. Si vous avez bien défini les réponses à ces questions, vous aurez certainement une avance par rapport à d’autres orateurs. Le but de tout cela est de bien assurer l’interaction et la connexion avec son public. Un autre exemple d’erreur est que l’orateur se voit souvent comme un 'technicien' et non pas comme un 'acteur'. En effet, vous devez acter votre présentation afin de mieux jouer sur les émotions de l’audience. Car une présentation sans émotion est peu inspirante et vite oubliée par des spectateurs. Finalement, et c’est la partie souvent considérée comme la plus importante de la prise de parole: l’expression non verbale manque souvent. Nous sommes tous 'équipés' de plein d’instruments: le visage, les yeux, la bouche, les mains, etc., et on oublie souvent de les utiliser… 

Sur quelles qualités individuelles repose une prise de parole en public réussie?

«Comme je disais dans la première réponse, une bonne performance dépend de beaucoup d’éléments. C’est donc un avantage que chacun puisse exploiter ses propres capacités pour se diversifier des autres orateurs. Le caractère de l’orateur, son profil, sa position, son esprit ouvert… jouent tous un rôle important sur la motivation et l’enthousiasme quand il fait une présentation. L’objectif est de maximiser vos propres capacités et de ne pas 'jouer' un autre rôle. L’audience vient pour vous écouter et remarquera rapidement si vous n’êtes pas authentique ou si vous n’êtes pas honnête avec vous-même. D’autre part, pas tout le monde a les talents 'naturels' pour bien parler en public. Il faut donc bien connaître ses propres faiblesses afin de les éliminer par un maximum de répétitions. Un exemple souvent constaté est la cadence ou le rythme de la prise de parole. Souvent si vous allez beaucoup trop vite, l’audience a du mal à suivre le contenu… Par des techniques simples, nous pouvons facilement améliorer ce problème.

La timidité étant un des premiers freins à la prise de parole en public, quels sont les moyens de la dépasser?

«En effet, pas moins de 80% des gens n’aiment pas prendre la parole en public (… et les autres 20% ne semblent pas dire la vérité!). Une enquête aux États-Unis a révélé que la prise de parole devant une audience se positionne juste après la mort quant aux choses que les gens craignent le plus dans leur vie. En général, ce n’est pas la prise de parole qui pose problème. Les gens aiment bien parler… Imaginez une situation en famille, avec des amis, à deux avec un collègue… Cela ne pose aucun problème. C’est plutôt l’aspect 'public' qui freine les gens. Plus nombreux ou plus important est le public, plus cela crée de l’angoisse et de la nervosité. Cette angoisse (et le stress qui l’accompagne) trouve son origine dans un manque de confiance en soi et la peur des autres. On se souvient tous de moments de stress. Le trac! Parfois déjà dès le moment où on vous demande de faire une présentation… Après, une fois sur scène, vous ne pouvez plus y échapper et cela se voit rapidement: les mains qui tremblent et moites, les yeux qui évitent le contact avec le public, la parole comme une mitraillette, la bouche qui s’assèche et… où se trouve le verre d’eau? Et vous vous étiez quand même bien préparé. Que faire maintenant? Eh bien, gérez le trac! Lancez-vous! Prenez confiance! Souriez et regardez votre audience. Marchez vers le public. Posez-lui des questions. N’ayez pas peur d’utiliser votre voix et donc de la hausser. Et si vous avec un trou de mémoire sachez que le silence est un moment fort dans toutes les présentations. Exploitez-le! Vous verrez, la confiance en soi se réinstallera… Avant de monter sur scène, arrivez un peu en avance dans la salle. Faites des exercices de respiration et si nécessaire du stretching (dans les toilettes, personne ne vous dérangera). Parlez avec les premiers spectateurs: ils sont plus sympathiques que vous ne le pensez. Et finalement, plus vous parlerez en public, plus vous gérerez le stress. Et pour s’entraîner, faites des répétitions! Seul devant le miroir ou devant vos proches. Vous verrez, vous commencerez à prendre plaisir à être devant un public. Cela vous donnera de l’énergie au lieu de la consommer! Succès!» 

Les inscriptions à la journée de workshops sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.