Malgré le développement d’un logiciel d’aide à la création musicale, Richard Portelli, CEO d’Hexachords, pense qu’«une musique composée de A à Z par une intelligence artificielle n’a pas d’intérêt d’un point de vue artistique». (Photo: Hexachords)

Malgré le développement d’un logiciel d’aide à la création musicale, Richard Portelli, CEO d’Hexachords, pense qu’«une musique composée de A à Z par une intelligence artificielle n’a pas d’intérêt d’un point de vue artistique». (Photo: Hexachords)

Monsieur Portelli, comment apprend-on à un programme à composer des symphonies, du hip-hop, du rock...? 

«Nous utilisons deux techniques d’intelligence artificielle: le ‘machine learning’ et les systèmes experts. Nous utilisons le ‘machine learning’ pour reconnaître des patterns de notes dans des partitions existantes. Cette méthode permet également d’extraire des ‘règles’ de composition musicale. Les systèmes experts, eux, s’appuient sur nos propres règles d’analyses musicales. Les deux sont complémentaires.

Votre IA dépasse-t-elle les capacités de création d’un humain?

«Non, même s’il faudrait arriver à définir ce que signifie dépasser musicalement. J’irais même plus loin en disant qu’une musique composée de A à Z par une intelligence artificielle n’a pas d’intérêt d’un point de vue artistique. En revanche, notre IA, Orb, peut être utilisée comme un outil créatif, une sorte de nouvel instrument dont les musiciens et compositeurs peuvent se servir pour expérimenter des idées musicales. Elle constitue également un excellent outil pédagogique interactif pour les curieux souhaitant s’initier à la musique.

Jugera-t-on un jour de la «fibre artistique» d’une intelligence artificielle?

«Je pense que oui, mais que ce sera une fibre artistique ‘artificielle’. La musique n’est pas qu’une succession de notes. Elle constitue un mécanisme de pensée dont le compositeur doit être à l’origine. L’histoire de la musique est une succession d’œuvres qui démontrent que l’œuvre est indissociable de l’artiste, de sa vie, de ses expériences, de ses peines. Les exemples sont très nombreux. Certains très marquants, comme la symphonie n°13 de Chostakovitch sur le massacre de Babi Yar, son Quatuor n°15 qui nous donne un aperçu de la mort, ou encore l’enregistrement du trompettiste Chet Baker, qui chante en juin 1987 à Tokyo, quelques mois avant son décès, avec une voix si faible mais tellement bouleversante. Une émotion que l’IA est à ce jour incapable de reproduire.»