Pascal Martino: «Définir une tendance unique sur laquelle le Luxembourg devrait être le mieux positionné serait utopique et risqué.» (Photo: Julien Becker / Archives)

Pascal Martino: «Définir une tendance unique sur laquelle le Luxembourg devrait être le mieux positionné serait utopique et risqué.» (Photo: Julien Becker / Archives)

Monsieur Martino, comment qualifieriez-vous l’horizon du secteur financier?

«Nous pourrions élaborer sur les différents challenges que la place financière rencontre et va rencontrer dans les prochaines années, c’est-à-dire la réglementation, la globalisation, la nouvelle concurrence, la digitalisation, les nouveaux besoins et attentes des clients. Mais toutes les places financières sont confrontées à ces mêmes challenges, et chacune a ses forces et faiblesses pour y répondre. Nous préférons alors nous concentrer sur les opportunités qui s’offrent à nous, et aux actions à mettre en place en tant que Place afin de les saisir, mieux et plus rapidement que d’autres Places.

L’horizon de la Place est donc positif. Le monde actuel nécessite de plus en plus de rapidité, de pragmatisme et d’agilité dans la prise de décision et dans la mise en œuvre: Est-ce que ces qualificatifs ne sont pas ceux qui ont fait la force de la place financière historiquement? En capitalisant sur ses fondations et valeurs historiques, la place financière, ayant traversé avec succès le virage réglementaire, a maintenant la capacité de se positionner de manière compétitive sur un horizon à moyen et à long terme.

Les orateurs invités (...) proviennent tous d’autres places financières, afin de nous apporter leur vision ‘outside in’.

Pascal Martino, partner, banking et digital leader Luxembourg chez Deloitte

Pour cela, la place financière doit observer, apprendre et capitaliser sur les expériences des autres places financières. Nous n’avons certainement pas la même capacité que d’autres Places, donc il est important de bien sélectionner ses sujets, son positionnement et, sur ceux-ci, de le faire mieux, différemment et plus vite. C’est pour cela que les orateurs invités pour cette huitième édition de la conférence ‘Horizon’ proviennent tous d’autres places financières, afin de nous apporter leur vision ‘outside in’.

Du space mining à la fintech, le secteur financier diversifie son champ d’activités (potentielles). Quelle sera la tendance pour laquelle le Luxembourg devra être précurseur?

«Définir une tendance unique sur laquelle le Luxembourg devrait être le mieux positionné serait utopique et risqué. Une bonne gestion de portefeuille est basée sur une gestion en bon père de famille d’un portefeuille d’activités diversifiées. Le Luxembourg doit tout d’abord réussir à conserver, transformer et faire croître son industrie actuelle: fonds d’investissement vanilles et alternatifs, banques privées, assurances, etc. Une rétrospective sur les 10 dernières années montre que le Luxembourg effectue avec succès ce premier élément. Est-ce suffisant? Certainement pas.

Les différentes initiatives publiques et privées de ces dernières années sont d’excellents signaux.

Pascal Martino, partner, banking et digital leader Luxembourg chez Deloitte

Le Luxembourg doit donc également s’assurer d’être et de devenir de plus en plus compétitif pour attirer de nouveaux acteurs comme les fintech, nouveaux modèles bancaires, acteurs du private equity, real estate, etc., acteurs complémentaires à notre industrie ‘historique’ et pouvant capitaliser sur nos forces et compétences locales. Les différentes initiatives publiques et privées de ces dernières années sont d’excellents signaux. Nous devons continuer, travailler ensemble en tant que Place, ce n’est que le début du chemin, et il est encore long.

Faut-il oser de nouveaux paris?

«Le Luxembourg a en effet historiquement toujours pris des ‘paris’ pour de nouveaux positionnements, plus ou moins éloignés de son industrie principale au moment de le faire. Ceci a également contribué à la réussite et à la croissance du pays. Peut-être que la présence des orateurs provenant des places étrangères nous permettra d’identifier un ou des paris à prendre dans le futur proche, en complément de celui déjà pris sur le space mining?»