Paul Priestman, designer spécialisé dans les transports. (Photo: Fran Monks)

Paul Priestman, designer spécialisé dans les transports. (Photo: Fran Monks)

Monsieur Priestman, vous travaillez depuis 25 ans en tant que designer, notamment dans le secteur des transports. À quoi ressembleront les trains de demain?

«Nous concevons des trains qui seront en service pour les 50 prochaines années. Il ne faut pas qu’ils aient l’air daté et ils doivent comprendre des aspects incontournables: aérodynamisme pour les très grandes vitesses, grande capacité… Plus que les trains eux-mêmes c’est l’infrastructure ferroviaire qui va évoluer. Le secteur des transports est ou sera aussi important que celui de l’éducation, car il définit les lignes de demain. Toutes les villes ont les mêmes problèmes: trafic, pollution, sécurité parce qu’historiquement elles ont été conçues de la même façon: autour de la voiture. Le point critique est de faire arriver les gens en ville parce que si les centres-ville se vident, les villes meurent. Il faut trouver des alternatives à la voiture en ville: interconnexion entre les vélos et les transports publics, marche… À l’autre bout, il s’agit de faire circuler la population à longue distance.

Votre projet «moving platforms» répond à cette double exigence…

«Partout les gouvernements dépensent des milliards en essayant de construire le nouveau train du 21e siècle sur une infrastructure de gares qui a été conçue au 19e siècle pour les trains à vapeur. Nous devrions repenser les infrastructures et la construction d'un réseau ferroviaire local au global interrelié. Moving Platform est un concept d’une infrastructure totalement interconnectée où les tramways locaux se connectent à un réseau de trains à grande vitesse qui ne s’arrêtent pas. Les passagers peuvent ainsi voyager depuis leur arrêt local à une adresse locale à destination (qui peut même être dans un autre pays) sans descendre d'un train. Pour réussir à changer la façon dont nous voyageons, il est impératif que l'infrastructure que nous utilisons fonctionne avec cette nouvelle technologie et permette un voyage des passagers sans coupure de la maison à destination.

Le projet de tram à Luxembourg fait couler beaucoup d’encre. Qu’en pensez-vous?

«En tout état de cause, Luxembourg à raison de vouloir se sortir de la voiture. Il faut voir plus loin que le périmètre de la capitale. L’échelle de la ville dépasse maintenant les frontières de son propre territoire et même, dans votre cas, de celles du pays. La notion de frontière n’est donc plus pertinente et les transports doivent être pensés à cette échelle. Ça vaut la peine d’investir dans un système qui pourra remplacer la voiture et ce ne sera le cas que s’il est performant.»

 

Informations sur l'événement:

Conférence organisée par Design Friends le 23 avril à 18h30 au Mudam. Entrée libre.