Pascal Monfort: «Les millennials ont compris que tout pouvait basculer très vite et qu’il fallait se réinventer continuellement.» (Photo: Grégoire Alexandre)

Pascal Monfort: «Les millennials ont compris que tout pouvait basculer très vite et qu’il fallait se réinventer continuellement.» (Photo: Grégoire Alexandre)

En quoi cette génération des millennials est-elle radicalement différente de la précédente dans son rapport à l’argent?

Pascal Monfort. – «Les millennials ont compris que tout pouvait basculer très vite et qu’il fallait se réinventer continuellement.

Le sociologue et philosophe Zygmunt Bauman parle de ‘modernité liquide’. Autrement dit, ne pas prendre de risques, c’est prendre le plus de risques.

L’industrie de la musique, la TV, les médias traditionnels ont tous connu de très profonds bouleversements. Aucun secteur ne va être épargné, la mode, les banques y compris. La génération des millennials a vécu ces changements et sait qu’il est dangereux de camper sur ses positions.

Leur notion d’investissement, de luxe, faire des économies ou la notion d’acquisition ont changé dans leur esprit. Les millennials n’accumulent pas, ils font circuler, revendent leurs chaussures via les réseaux sociaux pour s’acheter une autre paire, plutôt que de multiplier les pièces. On est dans une tout autre dynamique que celles des générations précédentes. Certains l’ont déjà bien compris, en adoptant leur façon de faire.

Dans la mode, par exemple, vous avez constaté un changement de codes par certaines grandes marques…

«Gucci s’est hissée parmi les marques les plus appréciées chez les millennials. Pourquoi? Ils ont mis en place un comité de réflexion pour dialoguer, parler de leurs désirs directement avec des jeunes. L’échange est très fin.

Les millennials sont devenus eux-mêmes des sources de communication.

Pascal Monfort, consultant

Le statut de créateur de luxe a lui aussi changé. Virgil Abloh, directeur artistique Homme chez Louis Vuitton, est très apprécié par cette génération. Les jeunes en sont ‘fans’, car ils se sentent proches de lui. Le créateur de luxe a établi une certaine proximité avec son public. En diffusant des messages d’encouragement, par exemple, comme: ‘J’ai du talent, mais vous aussi, prenez-en conscience’.

Pendant des années, les marques pensaient qu’il fallait être élitiste, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les jeunes veulent voir l’envers du décor, comprendre comment sont réalisées les choses.

En tant que professeur de sociologie de la mode et consultant pour de grandes marques, quel regard portez-vous sur cette génération?

«Elle apporte beaucoup de valeurs positives. C’est une génération plus ouverte, plus courageuse, plus universelle, dans le sens où elle n’est pas obsédée par les territoires. Ces jeunes préfèrent être proactifs plus tôt que de subir. Les millennials ne se contentent pas d’absorber sans agir. Ils sont des consommateurs critiques et ils ont les moyens de communiquer.

Ils sont devenus eux-mêmes des sources de communication. Tout le monde a du pouvoir. Ils testent les produits, partagent leurs expériences, racontent des histoires. Le bouche à oreille digital est très rapide et peut se révéler très puissant.»

Informations et réservation à cette conférence du Paperjam Club: 

Conférence: «Young adults and money, what’s up?»

Jeudi 17 janvier

18h30–22h30 à la Banque de Luxembourg