Jacques Breton: «Nous avons mis en place en 2014 une nouvelle gouvernance, grâce notamment à un rapprochement d’ArianeGroup avec le marché via la filialisation d’Arianespace en charge de la commercialisation.» (Photo: DR)

Jacques Breton: «Nous avons mis en place en 2014 une nouvelle gouvernance, grâce notamment à un rapprochement d’ArianeGroup avec le marché via la filialisation d’Arianespace en charge de la commercialisation.» (Photo: DR)

Monsieur Breton, face à la montée en puissance de concurrents qui proposent des tarifs moins élevés, quels sont les atouts qu’Arianespace peut mettre en avant?

«Nous sommes présents sur le marché depuis plus de 30 ans. Nos lanceurs sont fiables et disponibles. Ceci a encore été démontré ce mardi 25 septembre avec le 100e tir réussi d’Ariane 5 en Guyane. Nous entretenons également une grande proximité avec nos clients, qui apprécient cette disponibilité ainsi que la qualité de nos services. Notre autre grand atout repose sur la nouvelle gamme de lanceurs Ariane 6. Plus compétitifs au niveau des prix et capables d’assurer de nouvelles missions grâce à une flexibilité accrue, ils nous permettront de nous adresser à la fois au marché commercial, au marché institutionnel européen ainsi qu’à celui des orbites basses et moyennes pour le lancement de petits satellites. 

Comment ArianeGroup est-il parvenu à réduire les coûts de production d’Ariane 6?

«Nous avons mis en place en 2014 une nouvelle gouvernance, grâce notamment à un rapprochement d’ArianeGroup avec le marché via la filialisation d’Arianespace en charge de la commercialisation. Des synergies ont lieu entre Ariane 6 et la version évoluée du petit lanceur Vega (Vega-C), les deux programmes utilisant des moyens identiques. La baisse des coûts a également été rendue possible par l’utilisation de nouvelles technologies comme l’impression de pièces en 3D ou l’assemblage à l’horizontale. Et nous ne comptons pas en rester là. Arianespace est sans cesse à la recherche de voies innovantes pour améliorer sa compétitivité et continuer de s’adapter aux demandes des clients.  

Les fusées réutilisables ne constituent qu’un moyen parmi d’autres pour réduire les coûts.

Jacques Breton, directeur commercial chez Arianespace

Arianespace envisage-t-elle de commercialiser à l’avenir des fusées réutilisables, en tout ou en partie? 

«Les fusées réutilisables ne constituent qu’un moyen parmi d’autres pour réduire les coûts. Elles peuvent être efficaces s’il y a des cadences très élevées de lancements. C’est le cas du marché institutionnel américain qui constitue à lui seul les 2/3, voire les 3/4 des lancements de SpaceX. De plus, cette rentabilité est loin d’être démontrée. Récupérer une fusée entraîne des coûts supplémentaires.

Il faut notamment prévoir des systèmes pour se poser, ainsi qu’un surplus de carburant pour le retour. Sans compter les frais de remise en état du lanceur avant de le réutiliser. Cela étant, le concept de réutilisation n’est pas écarté pour autant. ArianeGroup et le CNES développent un moteur réutilisable, Prometheus, à oxygène et méthane. D’autres voies sont également à l’étude comme la fabrication d’étages supérieurs en carbone.»