«Le cadre législatif actuel nous permet de faire beaucoup de choses dans le domaine des fintech», est d’avis Jean-Louis Schiltz, membre du jury des Fintech Awards 2017. (Photo: Gaël Lesure / archives)

«Le cadre législatif actuel nous permet de faire beaucoup de choses dans le domaine des fintech», est d’avis Jean-Louis Schiltz, membre du jury des Fintech Awards 2017. (Photo: Gaël Lesure / archives)

Monsieur Schiltz, la boîte à outil légale est-elle suffisamment adaptée au Luxembourg pour le développement de fintech?

«Je suis un grand adepte du concept de l’innovation par le droit. Les textes nous permettent de faire beaucoup de choses. Il ne faut pas toujours en appeler au législateur à la première difficulté. Prenez l’exemple des échanges travaillant avec des crypto-devises. Nous n’avons pas eu besoin d’un nouveau texte. Il a suffi que la CSSF s’exprime à ce sujet et cela a démarré.

Aujourd’hui, les nouveaux défis se posent dans le domaine des dérivés et options sur crypto-devises, ou encore par rapport aux fameux ICOs, les ‘Initial Coin Offerings’, qui sont le ‘hit’ de l’année. Le Luxembourg devra se positionner.

Pour les dérivés et options sur crypto-devises, je suis à peu près certain que le cadre légal actuel permet de réaliser de telles opérations. Pour les ICOs, j’hésite un peu. Je vois deux options: ou bien ces instruments se développent en dehors de toute régulation, ou bien sur base d’un cadre régulateur léger dont il faudra définir les contours. Cela dépend aussi un peu de la manière dont ces opérations seront montées dans la pratique.

Donc, rien à changer au niveau du cadre législatif?

«Si. J’allais presque l’oublier. Il faut changer l’article 41 de la loi bancaire sur l’outsourcing. Je suis persuadé dans cette situation que l’immobilisme va pénaliser le Luxembourg à moyen terme. Le texte que le gouvernement a présenté est bon. Il permet d’aller de l’avant, mais certains acteurs du marché ne semblent pas vouloir l’admettre. C’est très dommage.

À quels éléments allez-vous être attentifs en jugeant les projets? En tant qu’utilisateur de services financiers, qu’attendez-vous des fintech?

«En tant que consommateur, je veux que ce soit simple. L’application fintech devra simplifier ma vie de tous les jours. J’en ai marre de devoir par exemple mémoriser 25 mots de passe et devoir en changer au moins un par semaine pour des raisons de sécurité. J’attends la start-up qui résoudra ce problème. C’est ce test de la ‘customer convenience’ que j’appliquerai en tant que membre du jury – du moins pour les projets qui s’adressent directement au consommateur.

Pour les autres projets, ceux qui sont dans le B2B, c’est plus complexe. Si je devais résumer, je dirais que c’est plutôt l’intelligence de la solution qui m’intéresse, mais là encore, si c’est trop compliqué, c’est voué à l’échec.»