Emmanuel-Frédéric Henrion, partner IMG chez Linklaters. (Photo: Linklaters)

Emmanuel-Frédéric Henrion, partner IMG chez Linklaters. (Photo: Linklaters)

Messieurs, la relative tension en termes d’offres qui existe sur le marché luxembourgeois constitue-t-elle un frein pour les investisseurs internationaux?

Anton Cox: «Cette tension peut en effet constituer un frein pour certains d’entre eux, dès lors que les investisseurs intéressés par les biens de qualité (offrant un rendement intéressant et/ou un bon niveau technique et/ou une bonne localisation) sont extrêmement nombreux, ce qui entraîne évidemment une hausse des prix et une baisse des 'yields' proposés. La rareté de ces biens, conjuguée à l’intense compétition entre les offrants visée ci-avant, peut également décourager certains investisseurs, qui se tourneront alors vers des marchés proposant une offre plus importante. Il nous semble néanmoins que la situation devrait s’améliorer dans le futur, compte tenu des très nombreux chantiers et projets en cours, qui devraient alimenter l’offre prochainement.

En matière d’investissements, quelles sont les tendances perceptibles dans les prochains mois?

Anton Cox: «La rareté des biens incite certains investisseurs à reconsidérer leur stratégie et à envisager des investissements plus risqués et/ou opportunistes. Ainsi, certains développeurs regarderont des biens arrivés en fin de cycle de vie mais présentant des caractéristiques de nature à les rendre intéressants, comme une bonne localisation, une bonne accessibilité (si le bien est excentré) ou un nombre adéquat de places de parking (si le bien est mal desservi ou s’il est situé en ville). D’autres investisseurs envisageront par exemple le changement d’affectation de biens existants, et transformeront des immeubles de bureaux vétustes en complexes résidentiels, de manière à tenter de faire face à l’accroissement démographique et à la très forte demande en logements qui en résulte.

Quels sont les outils qui pourraient être développés pour augmenter le positionnement de la Place en matière de gestion de fonds real estate?

Emmanuel-Frédéric Henrion: «Il n’y a pas vraiment besoin de nouveaux outils. La boîte à outils est complète. Le dernier outil, à savoir le Fiar (fonds d’investissement alternatif réservé), permet de lancer un nouveau fonds très rapidement sans devoir attendre l’agrément de la CSSF puisque le Fiar n’est pas en tant que tel supervisé par la CSSF. Par ailleurs, AIFMD offre un double passeport pour la distribution et la gestion tout en imposant des contraintes de substance au niveau du gestionnaire alternatif. Il est donc aujourd’hui possible de structurer un fonds non réglementé (Fiar) ou réglementé (Fis – fonds d’investissement spécialisé) tout en bénéficiant du double passeport AIFMD. À ce stade, le plus important est de bien utiliser la boîte à outils, dans le respect des règles, afin de préserver l’excellente réputation de la Place luxembourgeoise dont tous les acteurs bénéficient. Il revient à ces derniers de mettre un point d’honneur à cultiver cette réputation.»

Anton Cox, managing associate, Real Estate chez Linklaters.