Romain Martin: «La plupart des MOOC ne font que numériser les anciennes méthodes de transfert de contenu unidirectionnel.» (Photo: Michel Brumat / Université du Luxembourg)

Romain Martin: «La plupart des MOOC ne font que numériser les anciennes méthodes de transfert de contenu unidirectionnel.» (Photo: Michel Brumat / Université du Luxembourg)

Comment les technologies perturbent-elles aujourd’hui les méthodes d’apprentissage?

Romain Martin.- «Je ne pense pas que ce soit juste une question de méthodes, de technologies et d’outils. Je crois que la nature de l’enseignement et de l’apprentissage est fondamentalement en train de changer. Dans le passé, l’enseignement consistait principalement à transférer des connaissances et des contenus d’un enseignant à un autre. Bien que cet aspect soit toujours important, ce n’est plus le point central.

Le contenu est de plus en plus disponible pour tous gratuitement sur internet. En outre, en raison du rythme du développement technologique, les connaissances deviennent rapidement obsolètes. Par conséquent, la compétence-clé que nous devons transmettre à nos étudiants porte sur la notion de ‘résolution de problèmes’ dans des environnements numériques améliorés. Et c’est un domaine dans lequel nous pouvons tirer parti des nouveaux outils numériques. Nous devons façonner ces outils et environnements d’apprentissage de manière à ce qu’ils prennent en charge de manière optimale une approche basée sur la résolution de problèmes dans des environnements collaboratifs.

Selon vous, les MOOC, l’enseignement à distance, les bibliothèques numériques, l’intelligence artificielle, affectent-ils davantage les enseignants ou les étudiants?

«La plupart des MOOC ne font que numériser les anciennes méthodes de transfert de contenu unidirectionnel. Ils n’invitent pas les étudiants à résoudre eux-mêmes les problèmes comme le permettent les formes modernes d’apprentissage par les pairs. Toutes ces technologies peuvent être bénéfiques lorsqu’elles sont utilisées pour favoriser de nouvelles méthodes d’apprentissage collaboratif qui étaient impossibles auparavant.

Dans notre nouveau centre d’apprentissage, nous avons créé un environnement qui tente d’y parvenir en fournissant l’équipement de base pour ces formes d’apprentissage. Et comme nous ne prétendons pas déjà savoir comment l’apprentissage évoluera au cours des cinq, dix ou vingt prochaines années, nous entendons devenir un ‘laboratoire vivant’, où de nouvelles méthodes pédagogiques sont testées et évaluées afin de peaufiner constamment notre approche.

Quelles sont les conditions essentielles pour que les technologies deviennent un véritable atout pédagogique?

«La technologie ne doit pas être une fin en soi. Ce n’est pas parce qu’une nouvelle approche est réalisable et à la mode que nous devons y succomber. Il faut se demander à chaque fois: est-ce que cela ajoute de la valeur à ce que nous faisons? Notre objectif étant de renforcer l’apprentissage collaboratif parmi nos étudiants, les technologies numériques s’avèrent très utiles pour surmonter les distances ou les aider à structurer leur travail d’équipe.»