Père Pascal-André Dumont: «Le progrès est trop rapide et l’Homme ne se pose plus la question de ce qui est bon pour lui.» (Photo: Licence C.C.)

Père Pascal-André Dumont: «Le progrès est trop rapide et l’Homme ne se pose plus la question de ce qui est bon pour lui.» (Photo: Licence C.C.)

Père Pascal-André Dumont, quelles sont, selon vous, les dérives possibles du transhumanisme?

«Tout d’abord, il est important de mettre en avant le fait que les transhumanistes se sont approprié les nouvelles technologies jusqu’à pousser le plus grand nombre à confondre les deux. C’est Julian Huxley (le frère de l’écrivain) qui a vulgarisé la théorie. Rappelons ici qu’avant la guerre, ce dernier était eugéniste. Pour moi, le transhumanisme porte en germe trois caractéristiques propres aux courants totalitaires: la concentration du pouvoir (les Gafa), la fascination exacerbée, la promesse de l’Homme nouveau. C’est cela la dérive majeure, la banalisation d’un courant de pensée qui considère l’être humain comme de la pure matière.

Vous mettez ici en valeur les risques sociétaux. Y a-t-il un risque pour l’être humain dans son entité personnelle? 

«Le progrès est trop rapide et l’Homme ne se pose plus la question de ce qui est bon pour lui. Il faut soulever la problématique de la psychologie humaine. Les gens font des ‘burn-out’, fonctionnent de plus en plus grâce aux antidépresseurs. Qu’en sera-t-il lorsque la communication sera directement intégrée en eux? 

Lorsque le progrès est lancé, il paraît difficile de le freiner. D’autant que le législateur peine à s’adapter aussi rapidement pour assurer sa mission d’encadrement.

«Je crois au bon sens de l’être humain, notamment à travers l’éducation. Il me semble primordial d’inclure des cours portant sur l’apprentissage des relations de l’Homme aux nouvelles technologies. Nous devons aussi ralentir. Malheureusement, les enjeux économiques sont importants, j’en suis bien conscient. Ce ralentissement ne pourra avoir lieu que s’il émane d’une volonté mondialisée.»