Monsieur Biwer, comment est né le registre maritime luxembourgeois et dans quel but a-t-il été créé?
«Le registre maritime luxembourgeois et son administration – le Commissariat aux affaires maritimes – ont été créés sur la base d’une loi qui a été adoptée le 9 novembre 1990.
Selon une idée qui circulait depuis déjà pas mal de temps, il a été décidé en créant ce registre de contribuer à une diversification des activités de la place financière et des services qui y sont liés, mais aussi de répondre à un besoin des armateurs belges qui ne disposaient pas d’un cadre législatif intéressant en Belgique et qui – avec le gouvernement belge – ont approché les autorités luxembourgeoises pour développer une telle structure au Grand-Duché.
En quelques mois à peine, la loi a été rédigée et votée et presque toute la marine marchande belge a été transférée sur le registre maritime luxembourgeois qui, durant tout un temps, a d’abord fonctionné comme une sorte de registre belge ‘bis’, avant que ses navires battant pavillon luxembourgeois ne retournent en Belgique après que la législation de nos voisins a été adaptée.
Mais le registre maritime luxembourgeois était bel et bien lancé. Aujourd’hui, à travers ce registre, le Luxembourg compte 295 entreprises maritimes, alors que 224 navires battant pavillon luxembourgeois – avitailleurs, dragues, porte-conteneurs, chimiquiers et autres navires de croisière – sillonnent les mers du globe.
Quels sont les arguments qui poussent les armateurs à faire immatriculer leurs bateaux au Luxembourg?
«Le registre maritime luxembourgeois est un service qui se veut flexible et efficace et qui, de plus, respecte scrupuleusement toutes les conventions internationales et autres directives européennes, notamment en termes d’environnement, de sécurité ou de droit du travail applicable aux gens de la mer.
Sur ces différents points, nous réalisons des contrôles qui sont chaque année effectués par des sociétés de classification ou un réseau d’inspecteurs indépendants formés à la législation luxembourgeoise.
Première administration gouvernementale certifiée ISO 9001 en 2000, le registre maritime luxembourgeois – à l’opposé du pavillon de complaisance – est reconnu pour la qualité de son travail et a permis de faire venir à Luxembourg des armateurs de renommée internationale qui ont développé des activités voire installé leur siège social au Luxembourg.
Ce pavillon luxembourgeois et ses activités, que rapportent-ils à l’État?
«En dehors des taxes d’imposition sur les navires, il y a toutes ces sociétés agréées établies au Luxembourg qui paient des impôts sur base de ce que leur rapportent leurs activités – parfois très importantes – à travers le monde.
Et il ne faut pas non plus oublier les bénéfices issus des activités de tout ce qui tourne autour du secteur maritime. Le cluster maritime, mis sur pied en 2008, compte aujourd’hui une soixantaine d’entreprises dont les activités se sont aussi développées par le biais de notre registre depuis 25 ans.
Directement ou indirectement, les activités de certaines sociétés industrielles, de certains cabinets d’avocats, de certains bureaux de conseil ou encore de certaines banques sont liées au secteur maritime luxembourgeois.
Et en termes d’emploi, on considère que si le secteur maritime représente 350 emplois directs aujourd’hui au Luxembourg, il en représente également près d’un millier de manière indirecte.»