Pour Geoffroy de Schrevel, le client veut être le décisionnaire. Et les fintech sont un outil pour l’aider dans cette démarche. (Photo: DR)

Pour Geoffroy de Schrevel, le client veut être le décisionnaire. Et les fintech sont un outil pour l’aider dans cette démarche. (Photo: DR)

Monsieur de Schrevel, on parle beaucoup de fintech aujourd’hui… Et pourtant, les technologies de l’information sont depuis longtemps utilisées par les sociétés du secteur financier. D’où vient l’engouement actuel?

«Il est un fait que l’automatisation et les algorithmes de calcul existaient bien avant que le mot fintech n’apparaisse dans les médias. Chez Gambit, par exemple, nous avons mis au point nos premiers algorithmes dès 2007 et ils sont utilisés par nos clients en Europe depuis lors. Nous les améliorons sans cesse en y introduisant des éléments neufs issus de la recherche scientifique, par exemple la prise en compte, dans le conseil en investissement, de la multiplication des crises financières et la rapidité de leur contagion.

Ce qui est nouveau, c’est que la technologie nous a permis de relier automatiquement ces algorithmes entre eux, et d’y donner accès au plus grand nombre, de manière extrêmement simple et directe, via internet. C’est un renouvellement très significatif de l’offre de services qui est proposée aux clients.

Aujourd’hui, la fintech doit répondre aux attentes nouvelles des consommateurs. Elle correspond à la fin d’une époque où la délégation était un des principes de fonctionnement de la société. On déléguait à l’État la tâche de pourvoir aux besoins des citoyens jusqu’à leur mort, et, pour ce qui nous intéresse ici, aux banques le soin de veiller sur notre épargne et de la transformer en investissement. Tout ceci a changé: de manière subie ou volontaire, chacun est, aujourd’hui, plus acteur de sa propre vie.

L’innovation a accompagné cette prise en main. Les technologies de l’information ne sont plus considérées comme un Graal aux mains des seuls experts, elles sont vues comme une véritable plateforme collaborative. Et la confiance des personnes dans la finance est de plus en plus critique et exigeante. C’est la rencontre de ces deux phénomènes qui crée l’attractivité grandissante des fintech.

Concrètement, dans l’activité de votre structure, quelle est la réalité, aujourd’hui, des fintech?

«Notre offre est basée sur les applications logicielles développées par nos ingénieurs et nos experts en finance depuis plus de six ans. Dès le départ, elle a été conçue avec un objectif très clair: mettre le client au cœur du conseil en investissement, plutôt que le produit financier élaboré par les établissements. Nous l’avons proposée aux banques privées puis, dans une version plus industrialisée, aux banques de réseau afin qu’elles puissent en faire bénéficier les clients 'mass affluent'. Depuis 2014, nous avons fait évoluer notre solution pour qu’elle soit directement accessible par tous via internet – c’est notre offre 'Birdee Institutional'. La mutation digitale a toujours fait partie intégrante de notre développement, et nous la voyons comme le support d’un dialogue nouveau entre les institutions et leurs clients. Nous sommes pour nos clients institutionnels un accélérateur de transformation et aussi un accompagnateur, grâce à notre expertise métier.

Les fintech, ce sont à la fois des entreprises prestataires de services pour les acteurs «classiques» du secteur, et des sociétés qui proposent leurs propres services. Y a-t-il de meilleures perspectives pour une catégorie ou l’autre?

«Pour nous, la question ne se pose pas en ces termes. Nous avons fait le choix de proposer au plus grand nombre notre expertise en matière de gestion de portefeuille et de technologie. Ceci peut se faire en direct ou via les acteurs 'classiques'. Je n’y vois aucune incompatibilité. Nous avons ainsi choisi de ne pas les exclure l’une l’autre, même si nous avons pris la décision de proposer, dans un premier temps, notre solution de 'robo-advisor' – 'Birdee Institutional' - aux institutions financières 'traditionnelles'. Elles sont notre cœur de cible historique, et nous avons une connaissance affinée de leur métier ainsi que des besoins du secteur.

Dans un second temps, nous avons décidé de mettre notre solution de gestion discrétionnaire numérique à la disposition directe du consommateur final — elle s’intitulera 'Birdee Money Experts'. Nous sommes en effet persuadés qu’il y a une attente en ce sens et un désir d’autonomie du grand public en matière de gestion d’épargne, auxquels nous sommes capables de répondre d’une manière unique.

Bien entendu, viser à la fois les institutions et le client final implique une double exigence. Auprès du grand public, nous devrons prouver notre expertise, l’accompagner jusqu’au bout de ses attentes, et gagner progressivement sa confiance; auprès des institutions 'classiques', faire valoir les atouts d’une solution digitale et lever les freins à l’innovation qui subsistent encore. Nous portons cette double ambition avec modestie et enthousiasme.»

Les inscriptions à la journée de workshops sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.