Pour François Masquelier, le défi réglementaire est, comme pour les banques, le plus essentiel. (Photo: archive paperJam)

Pour François Masquelier, le défi réglementaire est, comme pour les banques, le plus essentiel. (Photo: archive paperJam)

M. Masquelier, l’Atel a toujours contribué au support et à la promotion du pays comme centre de trésorerie pour les entreprises internationales. Comment voyez-vous le rôle de l’Atel et en quoi pouvez-vous apporter une aide dans le processus décisionnel? 

«L’Association des trésoriers joue un rôle de partie prenante dans le processus de choix de la localisation des centres de trésorerie. Elle est toujours plus sollicitée pour donner du support aux candidats à l’installation au Grand-Duché. Dans un tel processus, l’avis de pairs déjà sur place est essentiel. Nous formons des trésoriers, les maintenons le plus 'employables' possible en délivrant formations, présentations et ateliers techniques pour développer une véritable expertise locale en matière de trésorerie. Savoir qu’une association dynamique est là pour vous aider rassure les directeurs financiers lors de leur choix. Nous sommes un des nombreux éléments pris en compte lors de la décision. Par le passé, l’élément principal déterminant le choix était purement fiscal. Aujourd’hui, le processus est plus global et d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Avoir les compétences ad hoc sur place pour staffer ces centres de trésorerie est un atout majeur offert par le Luxembourg. 

Quels sont vos principaux défis pour les prochaines années?

«Les trésoriers d’entreprise font face depuis quelques années à la terrible crise financière, et même oserais-je dire, à une révolution de leurs fonctions pour diverses raisons notamment économiques, réglementaires, comptables et technologiques. La profession subit une véritable transformation. Les défis sont multiples et nécessitent de s’adapter constamment à un environnement changeant. Ce contexte chahuté présente certes des défis importants, mais heureusement aussi des opportunités d’optimisation de la gestion. La trésorerie se centralise plus encore grâce à la technologie. Cette centralisation permet d’aller jusqu’à la mise en place de véritables 'usines de paiement' (décaissements/encaissements) pour le compte de ses filiales. Elle permet ainsi de réaliser des économies substantielles et d’optimiser la gestion du fonds de roulement, si précieuse aujourd’hui. Chaque difficulté rencontrée n’est-elle pas l’occasion d’un nouveau progrès, comme le disait le baron de Coubertin?

Durant la conférence annuelle de l’Atel, vous abordez différents défis rencontrés par les trésoriers d’entreprise. Pourriez-vous lister les principales difficultés rencontrées ou à venir?

«Ces défis majeurs sont divers par leurs natures et concomitants. Le défi réglementaire est, comme pour les banques, le plus essentiel. Il faut se conformer à de multiples nouvelles réglementations internationales, notamment en provenance de Bruxelles, par exemple: Emir, Mifid II, Sepa, PSD2, Fatca, etc. On parle d’Union des marchés des capitaux (CMU), les règles sur les fonds monétaires ont été complètement revues, les agences de notation sont soumises à de nouvelles règles et Bâle III ne touche pas que les banquiers. Les nouvelles normes comptables internationales (IFRS) telles IFRS 9 ou le nouveau standard sur les leasings nous affectent également. Le besoin de transparence avec l’arrivée de Beps (Base Erosion and Profit Shifting) oblige à s’organiser mieux encore. Ces défis se présentent à nous dans un contexte économique avec la volatilité extrême des marchés, délicate à gérer. Par ailleurs, la cybercriminalité et la fraude nous frappent et obligent à renforcer les contrôles internes.