Anne Brasseur: «Je pense que nous avons surtout progressé sur le défi des migrations.»  (Photo: DR)

Anne Brasseur: «Je pense que nous avons surtout progressé sur le défi des migrations.»  (Photo: DR)

Madame Brasseur, que retenez-vous des deux années que vous avez passé à la tête de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe?

«Cette expérience à la tête de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a été pour moi très intense, et très intéressante. Mais également très difficile, à l’image de situations politiques tendues, dont le conflit entre l’Ukraine et la Russie, deux pays membres de l'APCE.

Il y a également eu la crise migratoire vis-à-vis de laquelle nous avons raté le coche en réagissant trop tard, attendant qu’il y ait eu de nombreux morts en Méditerranée avant de prendre ce problème à bras le corps.

Je citerai aussi la question du terrorisme qui s’en prend à nos pays et à des vies humaines mais aussi, plus largement, à nos valeurs fondamentales.

Et enfin, comme beaucoup, j’ai pu observer avec inquiétude une montée du populisme dans tous les pays, fondé sur l’intolérance, le rejet et la haine. Sur ce point, le Conseil de l’Europe vient de me nommer ambassadrice d’une campagne de sensibilisation contre ces phénomènes qui minent nos démocraties.

Sous votre présidence, de quelle manière l’APCE est-elle parvenue à faire progresser l’idée européenne? Sur quels points a-t-elle agi concrètement?

«Je pense que nous avons surtout progressé sur le défi des migrations. Une visite d’une délégation de l’APCE à la frontière turco-syrienne, dans des camps de réfugiés, a mené à une prise de conscience et à un véritable débat pour une solution européenne à cette question, au delà des frontières de l’UE.

Il existe aujourd’hui un débat de voisinage et partenariat pour la démocratie avec les pays extérieurs à l’Europe que vient de rejoindre pas plus tard que cette semaine, à l’issue d’un vote de l’APCE, la Jordanie.

Quel restera votre meilleur souvenir? Et le moins bon?

«Mon meilleur souvenir, ce sont des rencontres avec des gens. La diplomatie parlementaire est faite de contacts personnels avec des hommes et des femmes extraordinaires. Pour ma part, j’en retiendrai deux: d’une part le pape François – une vraie autorité morale –, et d’autre part Ludmilla Lexeeva, défenseur des droits de l’Homme en Russie. Emprisonnée sous l’ex-URSS pour ses activités, cette femme est toujours – à 88 ans – très active dans son combat. C’est à mon sens un modèle d’énergie et de courage.»