Aude Lemogne: «L’objectif est d’identifier des jeunes qui ont un potentiel et les préparer à être ‘board-ready’.» (Photo: DR)

Aude Lemogne: «L’objectif est d’identifier des jeunes qui ont un potentiel et les préparer à être ‘board-ready’.» (Photo: DR)

Avoir un conseil d’administration avec plus de diversité, c’est utile, mais surtout ça se prépare. Aude Lemogne, directrice de Link Management et à la tête du groupe de travail «board composition» de l’ILA, explique pourquoi la diversité est devenue un argument de poids au sein des conseils d’administration des entreprises, et fait l’objet d’une conférence le 25 avril. Au programme notamment la présentation d’une étude de McKinsey et des témoignages

Madame Lemogne, dans quel contexte l’ILA s’est-il intéressé à la thématique de la diversité pour en faire une conférence?

«Je fais partie du think tank Equilibre – dont l’administrateur indépendant et président de l'ILA Raymond Schadeck est aussi membre – qui s’intéresse à cette thématique de la diversité, au-delà de l’aspect de genre. Nous nous intéressons beaucoup à l’équilibre vie privée/vie professionnelle pour les hommes, et faire en sorte qu’un congé parental n’impacte pas la carrière, par exemple. Nous avons pensé que ces questions pourraient se retrouver au sein de l’ILA. J’ai donc présidé ce groupe de travail, qui est composé de profils différents, au niveau des âges, des compétences ou encore des cultures.

Pour qu’un conseil d’administration soit efficace, il faut que ses membres reflètent la diversité de ses clients et de toutes les parties prenantes, ainsi qu’au niveau des compétences, dans un monde de plus en plus complexe. Le problème, c’est que même si la volonté est là, il y a une réelle difficulté à trouver ces profils. L’objectif est donc d’identifier des jeunes qui ont un potentiel et les préparer à être board-ready. Selon le profil, cela peut prendre de un à trois ans, il faut donc s’y mettre dès maintenant, car il y a beaucoup de conseils où les membres ont 65 ans.

Des études comme celle de McKinsey se basent sur des faits qu’il est difficile de nier.

Aude Lemogne, directrice de Link Management

Vous appuyez votre conférence du 25 avril sur une étude de McKinsey qui fait la promotion de la diversité au sein des grandes entreprises. Que dit cette étude?

«McKinsey a lancé cette étude en 2015. Elle regroupe 1.000 entreprises réparties sur 12 pays. Le résultat est que si l’on prend les 25 premières entreprises dont le comité de direction est divers au niveau de l’équilibre homme/femme, ces entreprises ont 21% de chance de profitabilité en plus et 27% de création de valeur en plus. McKinsey a montré qu’il y a une corrélation entre la diversité au niveau de la direction et la profitabilité, ainsi que la valeur de création.

Un fonds comme BlackRock demande désormais des comptes aux entreprises dans lesquelles il investit, dans le cas où il n’y a pas ou peu de femmes au niveau de la direction. Les initiatives se multiplient, et c’est une bonne chose, car le patrimoine des femmes augmente, de même que leurs salaires. Des services dédiés se mettent donc en place pour gérer leur patrimoine.

Imposer des quotas pour dire il faut des femmes parce que c’est comme ça, ça ne marche pas. Par contre, des études comme celle de McKinsey se basent sur des faits qu’il est difficile de nier.

Une formation pour être «board-ready» va être mise en place à l’automne. En quoi consiste-t-elle?

«Chaque membre de l’ILA va pouvoir emmener une personne pour rentrer dans le programme, des nouveaux talents. Car le besoin de compétences est là: avant, le processus de recrutement dans les conseils d’administration se faisait par réseau, ce n’est plus le cas aujourd’hui si on veut diversifier le comité. Il faut ouvrir le champ des possibles et former ces nouveaux talents. Certains sont d’ailleurs déjà prêts mais ne le savent pas, car ils ne s’en sentent pas capables. Il s’agit souvent de femmes d’ailleurs, il faut donc les trouver et leur donner confiance.»