Les promesses de la blockchain sont nombreuses. Son aspect protéiforme finit par brouiller les perspectives. Où en sommes-nous à ce jour?

Denis Avrilionis.- «La technologie blockchain a créé beaucoup d’attentes, surtout pour tous ceux qui voyaient cette technologie comme un moyen d’accéder aux profits des cryptomonnaies. L’engouement vers les Initial Coin Offerings (ICOs) en 2017 a contribué à populariser la technologie. Il a aussi révélé plusieurs cas où la quête de profit à court terme a prévalu sur la qualité. Il est surprenant de constater qu’un décalage important existe encore entre les possibilités présentes de la technologie blockchain, et celles d’autres technologies comme l’intelligence artificielle ou le big data, et les attentes observées dans l’imaginaire collectif.

On dénombre tout au plus quelques dizaines de milliers de développeurs avec une expérience sur la technologie blockchain.

Denis Avrilionis, fondateur de Compellio

Un des problèmes majeurs dans l’adoption de la technologie est le manque d’ingénieurs qualifiés disposant d’une expérience en conception et développement d’applications blockchain et surtout en intégration entre blockchain et systèmes informatiques traditionnels. Il existe plus de 26 millions de développeurs dans le monde, mais on en dénombre tout au plus quelques dizaines de milliers avec une expérience sur la technologie blockchain.

Quels secteurs d’activité vous semblent à la pointe des usages de la blockchain?

«Cette technologie a inspiré des solutions utilisées pour la certification, l’audit, le vote électronique, ainsi que la vérification de l’identité des personnes (KYC), aussi bien par des acteurs de l’administration que dans le secteur de la finance. La blockchain s’impose également dans des solutions destinées à assurer la traçabilité des produits dans le domaine de l’alimentation ou de la logistique ou encore dans la lutte contre la contrefaçon de médicaments ou de produits de luxe.

Du point de vue des consommateurs, quels bénéfices offre la blockchain?

«Pour le consommateur, il s’agit avant tout de bénéficier de plus de transparence, aussi bien en ce qui concerne la provenance des produits que le respect des processus de gestion de la qualité. D’autres perspectives plus avant-gardistes envisagent la blockchain comme un outil qui permettra une gestion plus directe des décisions des citoyens et l’émergence de nouveaux modes de gouvernance aux niveaux urbain, local, régional, ou au sein des entreprises.»