Jean-Michel Gaudron (ici en 2000, un an avant son arrivée chez Maison Moderne) remonte le temps. (Photo: DR)

Jean-Michel Gaudron (ici en 2000, un an avant son arrivée chez Maison Moderne) remonte le temps. (Photo: DR)

Jean-Michel, peut-on dire que Paperjam a su maintenir son ADN tout en l’adaptant aux changements du pays? 

«Dès sa création, Paperjam a toujours revendiqué une approche ‘pro-business’. Contrairement à ce qu’une certaine presse satirique veut bien dire, nous ne sommes pas pour autant à la botte du patronat. Nous aimons parler du développement du business au Luxembourg, mais nous ne sommes pas naïfs non plus et nous sommes aussi capables de dénoncer les choses quand elles ne correspondent pas aux bonnes pratiques.

Aujourd’hui encore, nous avons toujours cette approche, à laquelle nous avons ajouté, depuis quelques années, une dimension un peu plus politique et sociétale. Cela nous permet non seulement d’être au plus près de l’ensemble de l’actualité économique et financière du pays, mais également d’être davantage revendicatifs et engagés pour des causes que nous estimons justes.

Il y a deux ans, nous affichions déjà ‘Mir sinn dofir’ en cover, pour montrer notre attachement à une meilleure intégration des résidents étrangers dans le processus démocratique du pays. Le mois dernier, nous avons clairement pris position pour le ‘oui’ à l’occasion du référendum. Et même si le ‘non’ l’a plus largement emporté que ce que nous pouvions attendre, nous continuerons à plaider pour une telle évolution indispensable pour la bonne marche de la société tout entière.

15 ans de Paperjam, ce sont aussi 15 ans de rencontres et d’interviews. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué?

«En dehors de toute considération idéologique, Jean-Claude Juncker reste évidemment un personnage à part. Il est redoutable dans l’exercice de l’interview et il est très difficile à déstabiliser. C’est encore plus vrai dans un contexte de table ronde où il est capable d’exploiter la moindre faille de la part de son interlocuteur, qu’il soit homme politique ou journaliste.

Je retiendrai aussi des rencontres avec des grands personnages aujourd’hui disparus, tels Norbert von Kunitzki (ancien président du Centre universitaire, avant que naisse l’Université du Luxembourg, ndlr) ou Gaston Thorn (ancien Premier ministre et président de la Commission européenne).

Et puis je garde un coup de cœur pour une ‘cover’ faite avec Gast Waltzing en 2005, en marge de la première participation officielle du Luxembourg au Midem. L’interview a peut-être duré 45 minutes, mais nous sommes restés plus de deux heures ensemble à échanger autour de la musique et de sa place dans la vie quotidienne. Un moment très rafraîchissant qui change des univers habituels auxquels j’ai l’habitude d’être confronté. 

Entre le magazine et le digital, comment l’univers de Paperjam va-t-il évoluer à l’avenir? 

«Plus que jamais, nous misons sur la ‘marque média’ Paperjam. Même si le vecteur digital, au travers du site internet et de la newsletter, est évidemment très porteur et constitue une priorité de développement dans les années à venir, nous avons la certitude que le magazine a plus que jamais sa raison d’être. Il permet une approche plus en profondeur sur des sujets qui ne sont pas forcément traités en format ‘web’ ou de manière plus factuelle.

Mais, pour reprendre un mot à la mode, l’univers Paperjam constitue un véritable écosystème: le lecteur peut trouver de l’information et de l’opinion à travers Paperjam1 ou via le site web; des informations davantage orientées métier et bonnes pratiques, avec Paperjam2; un vaste aperçu de l’activité et des acteurs clés dans tous les secteurs d’activité avec le Paperjam Guide et, enfin, tout le volet networking et formation avec le Paperjam Club, qui compte plus de 600 entreprises membres, ce qui en fait le plus grand club business du pays.

Ce sont toutes ces briques qui, ensemble, constituent un environnement fort que nous allons faire en sorte de renforcer et de rendre toujours plus pertinent, tout en conservant notre indépendance et notre liberté de ton.»