«Les business angels ont souvent une très bonne expertise et un réseau puissant», affime Alexander Stoeckel. (Photo: b-to-v)

«Les business angels ont souvent une très bonne expertise et un réseau puissant», affime Alexander Stoeckel. (Photo: b-to-v)

Vous êtes associé dans une société de capital-risque, mais quelle est votre expérience personnelle avec les business angels?

«B-to-v est une société d’investissement avec une structure relativement unique. D’une part, nous sommes une société de capital-risque, c’est-à-dire que nous créons de nouveaux fonds sur une base régulière, puis investissons le capital des fonds dans des start-up. D’autre part, nous sommes un réseau de business angels, et invitons nos membres à investir dans des start-up que nous trouvons attrayantes. Les deux unités, la société de capital-risque et le réseau de business angels, investissent de façon indépendante, c’est-à-dire qu’ils ne dépendent pas les uns des autres, mais bénéficient des forces de l’autre. Chez b-to-v, il est de mon devoir de travailler avec notre réseau de business angels, de discuter des opportunités d’investissement avec nos membres et d’orchestrer les processus d’investissement avec les membres de mon équipe. Donc, on pourrait dire que je suis un capital-risqueur, mais aussi un supporter des business angels.

L’événement annuel de LBAN qui va se tenir le 27 février s’intitule «Le pouvoir d’investir à travers un réseau» — pourriez-vous partager votre expérience à cet égard?

«B-to-v a été fondée en 2000, et depuis ce temps, nous partageons des opportunités d’investissement avec notre réseau d’investisseurs. Aujourd’hui, b-to-v compte plus de 200 membres dans son réseau. En 2016, nous avons géré un total de 46 transactions, et 43 transactions ont inclus des membres de notre réseau. La «puissance d’investir à travers un réseau» présente plusieurs aspects. Pour n’en citer que quelques-uns: (1) Un réseau est plus visible sur le marché, d’autant plus que chaque membre agit comme un ambassadeur. En d’autres termes, un réseau offre un éventail plus large d’opportunités d’investissement. (2) Un réseau fonctionne comme un réservoir de savoir-faire. Au lieu d’examiner une opportunité d’investissement seule, les membres échangent leurs points de vue, discutent, prennent des décisions d’investissement plus solides, et unissent leurs forces après l’investissement, c’est-à-dire en aidant les start-up à croître et à prospérer. (3) Un réseau a plus de pouvoir — financièrement, et aussi en termes de  niveau de participation dans les start-up. Cela permet aux investisseurs individuels de construire un portefeuille correct avec un nombre de tickets plus petit (50k), et il renforce la voix de l’investisseur individuel, puisqu’il fait partie d’un groupe.

Comment voyez-vous la collaboration entre business angels et les entreprises de capital-risque (CR)? Avoir ces deux types d’actionnaires dans une société est-il compatible?

«Je pense que sur le marché, ces deux groupes, business angels et CR, se regardent souvent d’un mauvais œil. Toutefois, si vous observez les tableaux de structure de capital des start-up, vous constaterez que 99% montrent des investissements à la fois, de business angels et CR. Donc, la collaboration entre business angels et CR est un fait, qu’ils le veuillent ou non.

À b-to-v, nous avons une vision très différente sur ce sujet. Nous pensons que les business angels et les CR peuvent travailler ensemble et en symbiose. Dans de nombreux cas, les CR ont des processus de transaction très simples et bien gérés qu’ils suivent minutieusement. De plus, ils sont très visibles et bien connectés sur le marché, c’est-à-dire que leurs portefeuilles d’investissement ont généralement une meilleure chance de recevoir des fonds complémentaires de la part d’autres investisseurs. Les business angels ont souvent une très bonne expertise et un réseau puissant dans les domaines d’activité des start-up dans lesquels ils investissent. Ils peuvent donc contribuer de manière significative au succès d’une jeune entreprise. Nous pensons donc à b-to-v que nous devrions favoriser la collaboration entre business angels et CR, car les deux parties (et les start-up) peuvent en bénéficier!

Que recommanderiez-vous à un particulier qui commence à considérer d'investir dans des start-up?

«Je recommanderais d’oublier pour un moment votre passion pour les start-up, et de commencer à réfléchir à la façon dont vous pourriez devenir un investisseur privé qui réussit — parce que sinon, il y a des chances que vous deveniez un investisseur privé qui échoue, et soudainement, la passion qui vous animait disparaît.

Deuxièmement, je recommande de construire votre propre stratégie d’investissement. Combien dois-je investir, sur quels marchés, industries, quels niveaux de maturité de start-up je sélectionne pour mon investissement, combien de participations dois-je détenir (et puis-je gérer) dans mon portefeuille et quel est mon objectif de rentabilité.

Troisièmement, je recommande de se familiariser avec les processus et la terminologie du monde de la start-up, c’est-à-dire les processus de sélection, les processus de due diligence, la terminologie des ‘term sheets’, et la façon de guider et coacher la start-up après votre investissement. Vous devez vous sentir à l’aise dans ces domaines, et votre start-up doit sentir qu’elle peut avoir confiance en vous et en votre expérience.

Et enfin, je vous recommande de rejoindre un réseau d’investisseurs. À vous de choisir si vous préférez vous joindre à un réseau local, régional, national ou supranational. Mais il est certainement utile d’avoir accès à des opportunités d’investissement plus nombreuses (et vérifiées), de discuter de ces opportunités avec des pairs (qui investissent aussi leur propre fond) et d’investir (et éventuellement de gagner ou de perdre) ensemble.»

Texte original en anglais, traduit par Cécile Sevrain.