«Je dirais qu’on peut exporter une attitude, un état d’esprit luxembourgeois à l’étranger.» (Photo: DR)

«Je dirais qu’on peut exporter une attitude, un état d’esprit luxembourgeois à l’étranger.» (Photo: DR)

Madame Muller, pourquoi avoir choisi d’exporter votre talent en dehors du Luxembourg?

«Je ne pense pas qu’on puisse poser la question ainsi – du moins dans mon cas. J’ai été élevée dans un foyer multilingue, profondément attaché à l’idée d’une Europe réunie.

Parler et aimer plusieurs langues, visiter et intérioriser les spécificités des différentes cultures et apprendre à aimer les contradictions, voilà ce qui m’a amenée à me sentir ‘chez moi’ dans différents pays. J’ai eu la chance de fonder une agence avec Burkard Dewey qui partage cette vision des choses. 

Dans notre cas, le mot ‘export’ n’est donc pas tout à fait correct. Je parlerais d’un effet ‘import-export’.

Peut-on «exporter» une architecture luxembourgeoise à l’étranger?

«Dans le cas de Dewey Muller, nous avons pu profiter du fait d’avoir eu accès, à Luxembourg, à des commandes intéressantes et ambitieuses sans devoir faire le parcours du combattant qui fatigue et étouffe la créativité dans l’œuf. En clair: nous disposons de références nous permettant d’entrer en concurrence avec de grandes agences allemandes disposant d’ailleurs d’un important réseau de contacts.

Ces références nous ont permis de démontrer que nous étions capables de maîtriser des projets complexes. Nous sommes connus pour travailler dans des niches, aux interfaces entre plusieurs disciplines. L’internationalité de nos équipes y est également pour beaucoup.

Je dirais donc qu’on peut exporter une attitude, un état d’esprit luxembourgeois à l’étranger. 

Existe-t-il des contraintes spécifiques au Luxembourg qui pousseraient les architectes locaux à s’exporter?

«Tout dépend des ambitions des agences et de leurs propriétaires. Nous n’avons jamais rêvé de devenir des ‘architectes-stars’. Nous sommes trop passionnés par la dimension sociale de notre métier – qu’il s’agisse des projets sur lesquels nous travaillons ou du bien-être de l’équipe. 

Par contre, le débat concernant l’architecture et l’urbanisme est beaucoup plus intense à Cologne qu’à Luxembourg. Les enjeux de la ‘crise du logement’ font la une et aucun projet ne passe sans participation citoyenne et sans le choc des idées résultant d’une mise en concurrence raisonnable de plusieurs agences.

Ce ne sont donc pas des contraintes spécifiques qui nous poussent à nous exporter, mais plutôt notre faculté – vu la taille du pays – de cerner rapidement la dimension systémique de certains phénomènes. 

Là aussi, nous avons un avantage par rapport à nos consœurs et confrères étrangers. Nous côtoyons les décideurs luxembourgeois de manière beaucoup plus informelle et sommes capables d’aborder leurs homologues sans servilité.»

Retrouvez les informations relatives à l’événement 10x6 Les architectes luxembourgeois qui s’exportent sur le site du Paperjam Club (http://club.paperjam.lu/event/10x6-les-architectes-luxembourgeois-qui-sexportent).