Pierre Bley: «L’aide apportée aux projets visant l’inclusion sociale, et plus particulièrement l’intégration des réfugiés, se poursuivra dans le temps.» (Photo: DR)

Pierre Bley: «L’aide apportée aux projets visant l’inclusion sociale, et plus particulièrement l’intégration des réfugiés, se poursuivra dans le temps.» (Photo: DR)

Monsieur Bley, lors de la présentation du bilan annuel 2016 de l’Œuvre, vous avez évoqué parmi les missions de cette organisation philanthropique que vous présidez celle de «combler des besoins identifiés». Face au phénomène migratoire observé ces derniers mois, quels sont-ils?

«Ces besoins sont de faire en sorte que ces personnes se sentent à l’aise chez nous et s’intègrent au mieux dans notre tissu social. Ce qui veut dire qu’elles maîtrisent une des langues du pays, qu’elles aient un emploi, qu’elles aient un logement et qu’elles puissent participer à la vie associative du pays. Ce sont, à notre sens, quatre critères – même s’il y en a peut-être d’autres encore – qui permettent de dire qu’une personne peut se considérer comme incluse dans notre société. C’est donc au service de l’inclusion sociale que nous œuvrons dans ce sens.

Ces besoins ayant donc été clairement définis, comment avez-vous décidé d’y répondre?

«Nous y avons répondu dès la fin 2015, quand nous avons lancé un appel à projets dénommé «mateneen» (Ensemble – ndlr), doté d’une enveloppe de quelque 15 millions d’euros. Car nous avions senti, dans la société civile, un élan de spontanéité. Ici et là s’étaient créées des asbl actives en faveur des réfugiés quand, au même moment, des personnes privées s’étaient elles aussi mobilisées pour ces demandeurs d’asile en essayant de trouver des vêtements ou de dispenser des cours de langues, parmi d’autres initiatives.

Nous nous sommes alors dit que ces asbl ou ces personnes avaient sans doute besoin d’argent. Et que si leurs projets ne se réalisaient pas, ce serait un peu de notre faute. Disposant de moyens, et de réserves, nous nous sommes donc lancés. Et ne souhaitant pas rester dans notre tour d’ivoire, nous avons eu recours à un groupe d’accompagnement pour nous aider à déterminer dans quelle direction il fallait orienter les projets.

Ce qui nous a menés à ne pas décider de financer des projets uniquement relatifs à l’éducation, à l’emploi ou au logement, mais également au développement durable, à l’information, au vivre ensemble, au soutien matériel, au soutien psychologique ou encore à la santé, l’ensemble ayant pour seul objectif l’inclusion. Non seulement de ces personnes récemment arrivées chez nous, mais aussi de toutes celles pouvant se considérer comme en marge de la société luxembourgeoise.

Ces 15 millions d’euros qui ont servi au financement de 71 projets sont-ils une aide ponctuelle, ou seront-ils reconduits à l’avenir?

«Bien que l’appel à projets ‘mateneen’ soit aujourd’hui terminé, l’aide apportée à ces projets visant l’inclusion sociale, et plus particulièrement l’intégration des réfugiés, se poursuivra dans le temps, à travers de futures demandes qui nous seront adressées. Mais au-delà de ça, rien ne dit que d’ici deux ou trois ans, une nouvelle vague de demandeurs ne sera pas arrivée, et qu’une nouvelle fois, il faudra nous mobiliser comme nous l’avons fait tout au long de l’an dernier. Cela dépend de la situation que nous allons rencontrer.

Pour l’instant, nous allons créer un observatoire du phénomène pour jutement savoir quand il sera éventuellement temps d’agir et comment le faire. C’est-à-dire que je n’exclus pas – en complément des projets déjà épaulés – que d’ici quelques années, il faudra à nouveau battre le rappel selon nos entretiens avec les représentants gouvernementaux, les représentants des institutions, mais aussi et surtout avec les organisations non gouvernementales (ONG) et les associations dont nous souhaitons être proches, puisque c’est avec ces acteurs de terrain que nous travaillons.»