Comme l’explique Pierre Gramme, «les offres d’emploi à pourvoir ne correspondent pas forcément aux domaines de ces diplômés». (Photo: Chambre de commerce / archives)

Comme l’explique Pierre Gramme, «les offres d’emploi à pourvoir ne correspondent pas forcément aux domaines de ces diplômés». (Photo: Chambre de commerce / archives)

Monsieur Gramme, les derniers chiffres du chômage montrent que le nombre de demandeurs d’emploi diplômés de l’enseignement supérieur progresse de 128 personnes, soit de 4,4% sur un an. De quel type de public s’agit-il?

«À notre niveau, toute personne qui a réussi avec succès des études post-secondaires appartient à la catégorie des personnes de niveau de diplôme supérieur. De manière plus détaillée, au 30 avril 2018, le nombre de demandeurs d’emploi résidents disponibles et diplômés du supérieur est de 3.016 personnes, contre 2.888 à la même date en 2017, soit une augmentation de 4,4%. Un chiffre qui est en hausse constante depuis 2010.

Par classe d’âge, sur ces 3.016 personnes, 450 ont moins de 30 ans, 1.495 sont âgées de 30 à 39 ans, et 1.071 d’entre elles ont plus de 45 ans. Si l’on regarde les chiffres de manière plus précise, il apparaît qu’au 31 décembre 2017, 24,3% de ces demandeurs d’emploi ont un niveau de cycle court, 43,5% ont un Bac+3 ou Bac+4, et 32,2% ont un niveau universitaire allant de Bac+4 au doctorat. Les chiffres sont quasiment identiques sur les quatre premiers mois de cette année.

Comment l’expliquez-vous?

«Certains se situent dans des secteurs d’activité où il n’y a pas assez de postes. Nous savons, par exemple, que pour l’année 2017, 30,5% des demandeurs d’emploi disponibles de niveau supérieur possédaient un diplôme en sciences économiques, 13% en sciences appliquées – par exemple, pour des postes de techniciens de laboratoire –, ou encore 11,9% dans le domaine des lettres. 

À comparer avec les postes à pourvoir auprès des services de l’Adem, nous voyons bien qu’il y a un problème d’offre et de demande, puisque les trois premiers secteurs qui recrutent, pour les quatre premiers mois de l’année, sont les suivants: études et développement informatique, personnel de cuisine et opérations manuelles d’assemblage. Il ne s’agit pas non plus du même niveau de qualification.

Quelles solutions s’offrent à ces demandeurs d’emploi?

«Cela dépend de leur situation et de leur profil. Ce que nous remarquons en analysant les données récoltées, c’est que les diplômés de l’enseignement supérieur de plus de 45 ans sont les plus impactés par le chômage de longue durée. Ils sont 43,8%, au 30 avril dernier, à être sans emploi depuis 12 mois et plus, contre 14,7% pour les moins de 30 ans, et 24,7% pour les 30-44 ans.  

À titre de comparaison, sur les 15.369 demandeurs d’emploi résidents disponibles au 30 avril, 34,34% ont une durée d’inactivité de 12 mois ou plus. Les diplômés du supérieur de plus de 45 ans se situent donc au-dessus de cette moyenne. Dans le domaine du recrutement, on est considéré comme senior dès 45 ans. Ces personnes qui sont sans emploi depuis une longue période sont un public fragilisé. L’expérience n’est pas forcément valorisée, et leur formation n’est peut-être plus en adéquation avec le secteur dans lequel elles souhaitent évoluer. Pour ce type de profils, il faut quelquefois songer à une remise à niveau, une formation, voire à une réorientation.»