Monsieur Bofferding, comment avez-vous accueilli la nouvelle du vote de la loi actant la reconnaissance officielle de l’ostéopathie au Luxembourg?
«Nous avons beaucoup œuvré pour l’avoir, et elle était d’ailleurs inscrite dans le programme de la coalition au pouvoir. Ce qui est dommage, c’est que la ministre (Lydia Mutsch, ndlr) ait attendu le dernier moment pour la faire passer.
Si cette loi ouvre la porte à la reconnaissance de la profession, elle ne définit pas notre statut. Nous, nous voulons être considérés comme des médecins indépendants, comme l’a recommandé l’OMS il y a 10 ans.
Je doute que la définition de notre statut se fasse avant les élections.
Jean Bofferding, président de l’Association luxembourgeoise des ostéopathes
Cela a son importance, car ce statut permettrait à nos patients de venir nous voir sans avoir préalablement une prescription de leur médecin traitant. Il existe une loi de 1992 qui stipule que la CNS ne rembourse que les actes prescrits par les médecins indépendants. Mais je doute que la définition de notre statut se fasse avant les élections.
Pourquoi l’ostéopathie n’était pas reconnue au Luxembourg jusqu’à présent, selon vous?
«Premièrement, parce que cette pratique était méconnue, autant par les patients que par le corps médical. Mais beaucoup d’évolutions ont eu lieu au niveau européen ces dernières années. La Fédération européenne des ostéopathes a élaboré une norme pour la formation et la pratique de l’ostéopathie au niveau du continent.
De plus, des études ont montré qu’il s’agit d’une discipline plus efficace dans certains cas que la médecine classique, et que le coût par rapport à la prestation est excellent et prouvé.
Il y a encore certainement de la place sur le marché.
Jean Bofferding, président de l’Association luxembourgeoise des ostéopathes
Aujourd’hui, nous sommes 65 ostéopathes diplômés affiliés à notre association, mais il y en a certainement plus au Luxembourg, dont des charlatans. Jusqu’à maintenant, n’importe qui pouvait se prétendre ostéopathe. Cette loi va entraîner la fermeture de certains cabinets.
Mais il y a encore certainement de la place sur le marché, car nous avons beaucoup de demandes de la part d’ostéopathes belges, français ou allemands pour venir s’installer au Grand-Duché.
Peut-on se former au Luxembourg pour devenir ostéopathe?
«Non, il n’y a pas d’école d’ostéopathie. Il faut dire qu’il y en a déjà beaucoup à l’étranger. En France, Belgique, Angleterre, Suisse et Autriche, il existe des normes strictes pour cette formation. En Allemagne, par contre, c’est le chaos.
La Fédération européenne des ostéopathes a élaboré une norme européenne qui définit le contenu et la durée de la formation à l’ostéopathie. Le nombre d’années d’études requis est de cinq ans.»