Pour Lou Kiesch, le Luxembourg a les moyens de maintenir son leadership dans l’industrie des fonds.  (Photo: DR)

Pour Lou Kiesch, le Luxembourg a les moyens de maintenir son leadership dans l’industrie des fonds.  (Photo: DR)

L’industrie des fonds a connu un fort développement ces dernières années. Pourquoi? Quels sont les points forts du Luxembourg?

«Je pense que le développement de l’industrie des fonds est d’abord lié à l’évolution du rôle grandissant des marchés financiers dans l’économie globale. Les défis que la société en général doit relever dans le contexte d’un vieillissement de la population rendent inéluctables le développement et le soutien aux investissements collectifs. Il faut également noter l’aspect visionnaire et innovant des mères et pères fondateurs de l’industrie des fonds luxembourgeois qui, au début des années 80, ont su anticiper le potentiel de développement de ce secteur en mettant en place un cadre réglementaire innovant.

Dans ce contexte, on constate que les acteurs sont non seulement en concurrence forte, mais également en constante recherche d’innovations. Il en est de même avec les investisseurs qui sont, tout comme dans les autres secteurs de l’économie, de plus en plus exigeants.

C’est en réconciliant ces différentes dimensions que le Luxembourg, depuis trois décennies maintenant, a réussi à créer une place financière où un univers complet de services et d’acteurs est à la disposition des promoteurs de fonds ainsi que des investisseurs, et ceci grâce à un éventail large de services – souvent uniques - à un coût raisonnable.

Tout ceci, bien évidemment, grâce à un support gouvernemental fort qui assure une implémentation rapide des législations européennes en symbiose avec les attentes des acteurs du marché, tant locaux qu’internationaux.

Y a-t-il des tendances dans les types de fonds qui se créent ou se développent le plus ces derniers temps?

«Il faut constater deux tendances fortes. Tout d’abord, le monde des Ucits continue à croître de manière continue. Dans ses dernières publications, l’Alfi mentionne une croissance de près de 14% depuis le début de l’année 2015. L’impact positif de l’évolution des marchés financiers est indéniable, mais ce marché est mature et la croissance vient principalement de l’activité transfrontalière. Le niveau des encours nouveaux est élevé en provenance de l’Asie, mais également, fait récent, en provenance de l’Europe.

Ensuite, la mise en place de la réglementation sur les fonds alternatifs – la directive AIFMD - a amené les acteurs du private equity et du monde du real estate à se tourner vers des structures réglementées. Ce mouvement est récent et on voit énormément de projets se concrétiser au Luxembourg. L’impression générale est que le Luxembourg, une fois de plus, tire son épingle du jeu en attirant des activités nouvelles sur son sol. Deloitte publiera une étude avant l’été sur l’évolution du marché du private equity et du real estate en Europe. Je peux vous dire que les premières conclusions confirment les impressions mentionnées ci-avant.

Y a-t-il d’autres pays, d’autres places financières que le Luxembourg doit «surveiller» et qui peuvent devenir des concurrents gênants dans les prochains temps?

Il faut aborder les choses sous un angle un peu différent. Les acteurs ont besoin de diversité et aucune place financière ne pourra un jour rencontrer les souhaits de tous.

Cependant, nous devons continuer à nous assurer que notre offre de services est performante. C’est-à-dire que nous sommes en phase avec les dernières évolutions tant réglementaires que produits, et que nous sommes en mesure de fournir nos services à un prix en ligne avec les attentes des acteurs tant locaux qu’internationaux. Trop souvent, des commentateurs mentionnent le coût élevé de s’installer et d’opérer à partir de Luxembourg. Ces derniers omettent souvent les caractéristiques d’un marché transfrontalier qui complexifient les structures et que certaines économies d’échelle sont engrangées. C’est, je pense, un défi majeur pour notre place financière afin de lui permettre de conserver son leadership.»