Madame Reding, de quelle manière le Luxembourg peut-il le mieux faire entendre sa voix dans le concert européen?
«Le Luxembourg est un petit pays, qui ne peut s’imposer ni par sa dimension ni par son pouvoir. Une des alternatives consiste en la crédibilité de ses représentants politiques. Il ne s’agit évidemment pas d’essayer de forcer des décisions ou de fanfaronner, mais plutôt de persuader les partenaires que nos idées sont les leurs et qu’elles les servent. Le tout avec l’assurance tranquille de celui qui sait d’où il vient et où il veut aller.
Plus spécifiquement, dans quelle mesure envisagez-vous vous de défendre la place financière luxembourgeoise?
«Les acteurs de la place financière l’ont bien compris: rien ne sera plus comme avant, pendant toutes ces années où nous avons pu – et su! – profiter des niches. Les standards internationaux vont s’imposer, et plus tôt que tard.
Le Luxembourg ferait donc bien de ne pas se laisser pousser par les événements, mais plutôt de les devancer, comme il a su le faire d’antan. L’étroite collaboration entre responsables politiques et acteurs du secteur financier est alors indispensable pour élaborer la marche à suivre.
Quel est pour vous le chantier prioritaire sur lequel doit plancher le Parlement européen?
«J’en vois quatre. Tout d’abord la réindustrialisation de l’Europe, fondée sur la recherche, l’innovation et le goût du risque. Puis, la stimulation des PME, indispensable à la création d’emploi. Ensuite, la communication, pour bien expliquer nos politiques aux citoyens. Et enfin la passion, pour faire avancer le projet commun, au lieu de le déstabiliser.»