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Le responsable du secteur sidérurgique à l'OGBL veut croire à une relance du dialogue. 

M. Bernardini, 2013 semblait s’être achevée sur un constat d’échec. En tout cas, c’était le point mort dans les négociations pour renouveler les conventions collectives chez ArcelorMittal. Aujourd’hui, si on est loin du rose, tout n’est peut-être plus noir non plus. Pourquoi?

«Il y a eu plusieurs effets. D’abord, une vague de questions venant des salariés, quand ils ont reçu, quelques jours avant Noël, une lettre de la direction d’ArcelorMittal Luxembourg. Il y était rappelé ce que les salariés perdraient en cas de non fin de la convention. Celle-ci n’avait plus d’effet au-delà du 15 décembre. Dans les réactions qui nous sont revenues, il y a eu un mélange de peur, d’énervement face à ce qui était perçu comme une mise sous pression voire de la provocation de la part de l’entreprise. Certains ont aussi découvert les vertus de conventions négociées au fil d’un siècle de sidérurgie, y compris durant les années 80, où c’était déjà la crise.

L’autre élément déterminant, cela a été une réunion, initiée par le ministre Nicolas Schmit. Il se proposait de ramener les protagonistes à la table des discussions. Il s’est proposé comme facilitateur, ce qui est quelque chose d’inédit, dans la façon de voir les choses comme dans le vocabulaire de notre dialogue social. Nous n’avons pas refusé.

Est-ce qu’on peut raisonnablement imaginer une issue favorable à brève échéance?

«On doit être réaliste. Que l’on aille au conflit ou pas, renégocier il faudra, à un moment ou à un autre. On ne part pas sur du vide. Le plan Lux 2016 existe. La volonté des salariés et des syndicats ne fait aucun doute. Je ne citerai comme exemple que l'engagement de chacun qui a permis de garder ouvertes les deux lignes, les trains A et C, du site de Rodange. Au ralenti, en synergie, avec davantage de flexibilité et de polyvalence, avec de gros efforts. Mais avec un personnel disponible et un outil maintenu en état, prêt à redémarrer si la conjoncture le permet. Il y a des possibilités et nous l'avons bien entendu au cours de cette réunion avec ArcelorMittal et le ministre Schmit. L’entreprise a aussi des propositions, des idées. Elles ne sont pas à jeter. On peut discuter et espérer aller vers un accord. Une convention collective est un préalable. Après on pourra parler plus globalement de Tripartite sidérurgique.

On parle d’une date clé pour reparler d'une convention collective, le 17 janvier. Votre avis?

«Le blocage de la fin d’année semble un peu se décrisper. En tout cas, on peut au moins accorder le bénéfice du doute à Mittal, même si parfois, dans l'histoire récente, les garanties données se sont avérées insuffisantes. Mais on ne peut pas se méfier de tout, sans quoi on ne peut pas avancer! Ici, au-delà des propositions sur la convention collective, il y a un contexte. On donne un espoir à Rodange qui est quand même au plus mal depuis deux ans. Et on amène de nouveaux investissements, au moins 100 millions d’euros en plusieurs phases, pour conserver toute sa modernité à l’outil performant de Belval notamment. Il y a des éléments favorables. ArcelorMittal attend des réponses à sa proposition, jugée définitive, pour le 17 janvier. Nous faisons circuler des textes et des propositions dans les sites de production. Nous aurons un retour de la base pour le 15 ou le 16 janvier. Donc, cela semble cohérent.»