Gérard Hoffmann préside le groupement Fedil-ICT. ( Photo : archives Paperjam )

Gérard Hoffmann préside le groupement Fedil-ICT. ( Photo : archives Paperjam )

L'État peut-il faire quelque chose pour le développement économique de votre secteur?

«Les gouvernements précédents ont tout mis en œuvre pour contribuer au développement économique du secteur ICT. Le nouveau gouvernement doit continuer sur cette voie, afin de soutenir ce dernier qui, rappelons-le, représente désormais 6% du PIB luxembourgeois, dépassant ainsi le secteur manufacturier.

Il est également nécessaire de continuer les investissements débutés en 2008 dans des infrastructures de haut niveau, telles que LuxConnect ou le déploiement de fibres optiques par Post Luxembourg. Ces infrastructures représentent notre vitrine, tant au niveau national qu’international, ce qui est indispensable au développement économique du secteur de l’ICT.

Il y a encore d’autres chantiers à mener à bien. Il faut par exemple encourager les formations techniques poussées, notamment en ce qui concerne les sciences et la technologie. La formation reste le point faible de notre secteur. Dans un marché concurrentiel, il est primordial d’avoir des ressources formées. Il faut également penser à faire évoluer le cadre législatif et régulatoire pour encadrer les acteurs, comme le «one stop shop» pour la TVA après 2015, l’évolution du cadre PSF, la loi sur l’archivage électronique, et d’autres choses encore. Enfin, il faut faciliter le financement de jeunes pousses, par exemple en favorisant l’offre de «matching funds» par le secteur public aux investisseurs. Une activité qui change de paradigme dans le secteur de l’ICT coûte peu par rapport à d’autres secteurs comme la biomédecine.

Le contexte économique international est-il un frein important pour son essor?

«Luxembourg reste une place de référence pour le secteur de l’ICT, en témoignent les nombreuses sociétés internationales présentes sur la Place. Les atouts du Luxembourg, visibles notamment par une croissance à deux chiffres pour le «cloud» et un outsourcing en constante progression, sont enviés par de nombreux pays européens. Le secteur ICT, malgré la crise mondiale, connait une croissance continue depuis 2008, et les prévisions pour l’avenir sont encourageantes. Les investissements consentis par l’État y ont énormément contribué. Enfin, le marché intérieur de l’ICT a bénéficié de la restructuration de la place financière luxembourgeoise qui a engendré un outsourcing croissant des activités dans ce domaine… En fait, le contexte économique est plutôt positif pour le développement de l’ICT.

Le Luxembourg peut-il prendre une place internationale véritablement importante sur ce secteur? Pourrait-il y réussir ce qu'il a fait dans le domaine de la Finance?

«À nouveau, grâce aux investissements de l’État, notamment via LuxConnect et Post Luxembourg, mais aussi des acteurs privés qui ont suivi – comme Telindus – le Luxembourg a une carte à jouer dans le domaine de l’ICT au niveau international.

Les raisons qui poussent les entreprises étrangères à venir s’installer au Luxembourg reposent principalement sur trois éléments. En premier lieu, il y a les raisons fiscales, même si cet élément perd en importance, notamment en raison du contexte TVA 2015. Les infrastructures, la qualité du service et le coût de l’énergie viennent ensuite: nous sommes à la hauteur de la concurrence internationale. Enfin, le cadre législatif et régulatoire en dehors du fiscal est également très important. Il s’agit de le faire évoluer… et c’est lui qui est essentiel pour réussir une «success story» à l’instar de la Finance. Je plaide pour instaurer un groupe de réflexion de type «haut comité», comme cela existe dans le secteur financier et pour l’industrie.

Enfin, pour continuer son développement, le Luxembourg a besoin de leaders locaux forts et engagés qui s’investissent dans la place luxembourgeoise. Cela doit faire partie intégrante des programmes de formation de l’Université, afin de pérenniser cette démarche.»

La table ronde est parrainée par MM. Étienne Schneider (ministre de l'Économie) et Claude Meisch (ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche). M. Meisch ouvrira les débats. Plus de détails et inscription sur le site du paperJam Business Club.