Le nouveau président de l’Alia connaît bien la matière médiatique. (Photo: Julien Becker / Archives)

Le nouveau président de l’Alia connaît bien la matière médiatique. (Photo: Julien Becker / Archives)

Monsieur Hoscheit, dans quel état d’esprit entamez-vous la présidence de l’Alia dont le Conseil d’administration a été validé par le Conseil de gouvernement, en attendant la nomination officielle par le Grand-Duc?

«Nous allons nous efforcer de mener à bien nos missions, et donc d’appliquer la loi via les prérogatives dont nous disposons, qui peuvent aller jusqu’à des sanctions en cas de faute ou de non-respect du cahier des charges dans le chef d’un opérateur médiatique. Notre action pourrait aussi se concrétiser, à moyen terme, par des missions d’intérêt public pédagogiques comme des campagnes de communication à destination des médias ou du grand public autour de certaines valeurs.

À titre personnel, la matière médiatique ne m’est pas étrangère puisque je la côtoie depuis une dizaine d’années à travers ma participation à la Commission indépendante de la radiodiffusion. Le paysage des médias luxembourgeois a beaucoup évolué depuis la première loi de libéralisation, il y a 20 ans. Divers acteurs ont pris des initiatives. On peut regretter dans l’absolu que certaines aient disparu, ce qui montre que le secteur tente, d’une part, de répondre à la demande de la population, mais qu’il est forcément soumis à des critères économiques. À titre personnel, je suis en faveur de l’expansion des acteurs médiatiques afin qu’ils puissent satisfaire le plus grand nombre de nos concitoyens. Sans devoir se prononcer sur la volonté politique qui fait du Luxembourg un domicile pour différentes chaînes, l’Alia concentrera sa mission sur ses prérogatives légales.

Estimez-vous justement que vous disposez des moyens suffisants pour exercer vos mission compte tenu de la présence de ces chaînes à destination d’un public étranger, mais bénéficiant d’une concession luxembourgeoise?

«D’un point de vue organisationnel, nous allons mettre en place notre propre structure dans les prochaines semaines, ainsi qu’établir le mode de fonctionnement de notre conseil d’administration, définir un logo et recruter un directeur. Entre autres. Plus généralement, nous devrons veiller à nous donner les moyens nécessaires pour mener notre mission, sur base de l’expérience du Conseil national des programmes (qui a cessé ses activités avec la création de l’Alia, ndlr). Nous allons donc réfléchir aux moyens techniques et humains dont nous aurons besoin pour soumettre une estimation budgétaire au gouvernement avant une future et éventuelle validation par la Chambre, le tout dans le contexte des discussions budgétaires en cours. Une première enveloppe d’un million d’euros avait été définie lors de la création de l’Alia, incluant les frais fixes dont ceux liés au personnel.

L’Alia devra statuer sur l’établissement d’une radio francophone, RTL2, sur base des fréquences de DNR vouée à disparaître. Quel est votre avis concernant cette initiative?

«Je connais d’ores et déjà le dossier en tant que membre de la CIR, mais j’attends que mes collègues de l’Alia puissent en prendre connaissance dans les détails. L’arrivée de RTL2 recouvre deux aspects, dont la proposition d’un autre programme à destination d’un public identifié comme demandeur. L’autre volet est celui qui nous concerne principalement à savoir la conformité juridique de la création de la radio par la voie qui est annoncée jusqu’ici. Nous allons nous réunir rapidement pour discuter de ce sujet, sans prendre de décision dans la précipitation et en entendant, si besoin, d’autres opérateurs du marché. Sans me prononcer à ce stade sur le fond de ce dossier, je peux simplement indiquer qu’il y a des moments où chacun doit prendre ses responsabilités. Il revient donc aux instigateurs de ce nouveau projet de peser le pour et le contre d’ici au lancement de la nouvelle radio et donc de choisir entre l’option de fin de l’avis de l’autorité de contrôle ou plutôt temporiser en choisissant d’attendre d’obtenir une réponse avant de débuter les émissions.»