Pour Thibault de Barsy, l'innovation digitale ne se résume pas à l'offre d'un canal de communication supplémentaire, mais permet de réaliser de l'innovation produit.   (Photo: Mike Zenari)

Pour Thibault de Barsy, l'innovation digitale ne se résume pas à l'offre d'un canal de communication supplémentaire, mais permet de réaliser de l'innovation produit.  (Photo: Mike Zenari)

Monsieur de Barsy, en quoi Keytrade, qui vient de fêter ses 17 ans au Luxembourg, peut-elle être perçue comme une «vieille fintech»?

«Keytrade est, en quelque sorte, née comme une fintech. D’un rôle de courtier, elle est progressivement devenue une vraie banque en ligne. Sa force est d’avoir rapidement compris que faire de l’innovation financière, ce n’est pas seulement offrir un canal digital à des produits classiques, mais utiliser le digital pour faire de l’innovation produit. Quand on parle de fintech, on a tendance à coller un autocollant sur des métiers centenaires. Or, bien souvent, il s’agit d’ajouter une application ou un nouveau canal. Ce n’est pas un bouleversement total. Ces 20 dernières années, si on regarde l’évolution des acteurs similaires à Keytrade, comme des brokers américains, la croissance a été au rendez-vous, sans pour autant 'ubériser' le secteur. On surestime l’impact des nouveaux acteurs sur le 'business as usual' à mon sens. Presque toutes en croissance, les banques digitales ont le mérite d’offrir un accès simplifié au marché des actions, ainsi qu’aux fonds proposés par les banquiers privés, le conseil en moins.   

Qu’est-ce qui fait, selon vous, l’intérêt d’un modèle purement digital?

«Sur le plan de l’innovation, les acteurs digitaux, qu’il s’agisse de Boursorama ou de Comdirect, ont une longueur d’avance sur les banques traditionnelles. Les enquêtes de satisfaction montrent déjà que les clients des banques digitales sont les plus satisfaits. Tout ce qui pourra être digitalisé le sera, ce n’est pour moi qu’une question de temps. Pour qu’un modèle purement digital fonctionne, il ne faut pas négliger le support aux utilisateurs et la qualité du service clientèle. Nous avons ainsi choisi de monter notre propre call center. La réactivité, la simplicité des procédures et la souplesse dans les services proposés sont autant d’éléments décisifs. Certains clients déçus de leur banque privée durant la crise se sont tournés vers des banques en ligne. Pour aider les investisseurs particuliers à retrouver le chemin de la bourse, je suis convaincu qu’il faut leur permettre d’investir à leur propre rythme et leur faciliter l’accès à une grande diversification des avoirs.

Quelles sont les fonctionnalités clés de l’application mobile conçue l’année passée?

«Notre app est centrée sur l’investissement et permet, avant toute chose, de surveiller son portefeuille en temps réel, notamment grâce à un système d’alertes afin de pouvoir prendre la bonne décision au bon moment et de n’importe où. Dans un contexte de grande volatilité, pouvoir acheter et vendre des actions d’un simple coup de pouce est une force. Si un portefeuille s’écroule, il faut agir vite. Cette rapidité est notre plus grand atout».