Les craintes sur l’arrivée d’une seconde vague font planer le doute sur la soutenabilité de la dette des entreprises et sur le maintien du marché de l’emploi.  (Photo: Sebastien Goossens / Archives)

Les craintes sur l’arrivée d’une seconde vague font planer le doute sur la soutenabilité de la dette des entreprises et sur le maintien du marché de l’emploi.  (Photo: Sebastien Goossens / Archives)

Chef économiste de BGL BNP Paribas, Yves Nosbusch a passé en revue les réponses monétaires et budgétaires à la crise du coronavirus mercredi 15 juillet. Ses perspectives restent mitigées pour les mois à venir.

Les banques centrales, comme les États, ont certes fait preuve de réactivité et de flexibilité pour faire face aux conséquences du confinement et de la mise à l’arrêt de nombreuses activités. Mais les font planer le doute sur la soutenabilité de la dette des entreprises et sur le maintien du marché de l’emploi, estime .

«L’évolution des incertitudes sera déterminante pour la suite», affirmait mercredi le chef économiste de BGL BNP Paribas lors d’une conférence de presse dédiée aux impacts économiques du Covid-19.

Il dresse donc des perspectives mitigées pour les mois à venir:

Les plus

La consommation

La confiance des entreprises et des consommateurs s’est améliorée avec la sortie du confinement, ce qui a permis de soutenir la croissance.

Yves Nosbusch note un «effet rattrapage de la consommation», ainsi que «la possibilité pour les ménages de puiser dans l’épargne forcée accumulée pendant le confinement».


Lire aussi


La réponse monétaire

«La Banque centrale européenne (BCE) a adopté une approche flexible», constate Yves Nosbusch.  (pour «Pandemic Emergency Purchase Programme»), s’élève à 1.350 milliards d’euros, et son horizon a été étendu à fin juin 2021.

Tandis qu’elle a également assoupli les conditions des opérations de refinancement à long terme pour les banques (TLTRO III).

«Ces actions ont un impact important et donnent une visibilité sur les taux d’intérêt à long terme», précise Yves Nosbusch.

Le taux d’inflation dans la zone euro baisse pour atteindre 0,3% en juin, loin de l’objectif de 2% à moyen terme de la BCE.


Lire aussi


La réaction budgétaire

Yves Nosbusch signale que «les gouvernements sont intervenus par le biais de trois instruments budgétaires principaux».

À savoir: un soutien direct à l’économie (dispositifs d’activité partielle, de subventions ou d’annulation de charges), une aide à la trésorerie des entreprises et des ménages, et des provisions de liquidité (par exemple garanties de prêts de trésorerie).

«Il n’y avait pas le choix: il fallait des réponses fortes en matière monétaire comme budgétaire. Des pays comme le Luxembourg ou l’Allemagne ont encore des marges de manœuvre, et même une nouvelle envolée de l’endettement public ne poserait pas de souci pour la soutenabilité de ces États à moyen terme», affirme le chef économiste, qui se dit confiant tant que les taux d’intérêt restent contrôlés.

La dette publique devrait s’élever à 102,7% du PIB en zone euro en 2020.

Le rebond économique

Un rebond «mécanique» de l’activité économique a été observé avec le déconfinement.

BGL BNP Paribas anticipe une croissance de -9,2% pour l’année 2020 en zone euro, puis un rebond en 2021, avec une croissance de +5,8%.

Les moins

Le marché de l’emploi

Pour l’instant, l’Europe est relativement épargnée par des licenciements massifs, du fait des «nombreuses , dont le chômage partiel».

A contrario, aux États-Unis, où de telles mesures n’existent pas, environ 20 millions de postes ont été détruits.

La situation peut en tout cas évoluer: «Si les entreprises estiment que les perspectives restent sombres et très incertaines, elles finiront par supprimer des emplois. Par ailleurs, de nombreuses entreprises renâclent à embaucher en l’absence de visibilité», relève Yves Nosbusch.


Lire aussi


La consommation

La consommation des ménages va de pair avec l’évolution du chômage: «Les ménages sont donc confrontés à des interrogations sur leurs revenus et ils pourraient par conséquent être incités à économiser plutôt qu’à dépenser (épargne de précaution), ce qui pèserait sur la consommation», explique Yves Nosbusch.

L’endettement des entreprises

Il a fortement augmenté ces derniers mois. Ce qui pourrait avoir comme conséquence de freiner la reprise économique et de .

«Aux États-Unis, la dette des entreprises, qui était déjà à un niveau record, s’est encore alourdie. Ceci pose la question de sa soutenabilité dans les secteurs où la baisse des chiffres d’affaires n’est pas que transitoire (transport aérien, commerce de détail, gaz et pétrole de schiste…)», précise le chef économiste.