Le président est et restera un Américain élu par des Américains pour travailler au respect des intérêts américains. (Photo: Shutterstock)

Le président est et restera un Américain élu par des Américains pour travailler au respect des intérêts américains. (Photo: Shutterstock)

L’élection de Joe Biden pourrait-elle provoquer une volte-face des États-Unis en matière de politique étrangère? Sur la forme sûrement. Mais sur le fond, il n’y a pas de révolution à attendre.

, va-t-il effectuer un virage à 180° en matière de politique étrangère? Il faut avant de réfléchir sur le sujet bien garder en tête une chose: un président des États-Unis reste… un président des États-Unis. Et même s’il est probablement l’homme le plus puissant du monde, il n’en reste pas moins un Américain élu par des Américains pour travailler au respect des intérêts américains. Aussi grands puissent être les espoirs qu’il peut susciter dans le monde, il n’est pas le sauveur de celui-ci.

Redonner du crédit aux USA sur le plan international

Et les cycles très courts de la vie politique américaine – tous les deux ans, sa majorité peut basculer à la Chambre des représentants et au Sénat – limitent ses horizons. Souvenons-nous du président Woodrow Wilson qui se battit pour la création de la Société des nations en 1918 avant que le Sénat américain ne pose un veto à l’adhésion du pays. Une illustration du grand courant qui marque la politique étrangère américaine depuis toujours: l’opposition entre isolationnisme et interventionnisme.

La principale tâche qui attend Joe Biden sera de rétablir la crédibilité des États-Unis sur une scène internationale qui a vu Washington renier sa parole sur plusieurs dossiers. Comme ou à celui du nucléaire iranien. Candidat, il a fait des annonces très symboliques sur ces sujets en annonçant son retour dans ces accords ainsi qu’. Rétablir cette crédibilité perdue passera aussi par le renforcement des liens avec les alliés d’hier maltraités par Donald Trump comme les Européens et le Canada.

Le retour du multilatéralisme?

Un retour à une bonne image sera également primordial. Revenir dans l’accord de Paris (que l’Amérique a formellement quitté le 4 novembre) annonce un virage dans la politique climatique. Mais qui aura surtout d’abord un impact sur l’image des États-Unis.

Autre grande annonce symbolique du candidat: organiser un «sommet des démocraties» pour se démarquer de l’attirance de Donald Trump envers les dirigeants «autoritaires». Les rapports avec la Russie risquent d’être désormais plus tendus…

La ligne générale semble donc être de renouer avec une approche multilatéraliste de la diplomatie. Mais toujours dans le but d’assurer la suprématie de Washington. Ce que voulait Donald Trump. Mais qu’il a choisi de chercher à obtenir par la voie de l’affrontement. Joe Biden est un diplomate. Là où son potentiel prédécesseur ne connaissait que la menace, l’insulte et Twitter, il utilisera toute la gamme des outils de la diplomatie en donnant la priorité à la discussion.

La Chine restera un rival

Sur les grandes orientations stratégiques, la donne ne sera pas bouleversée.

On peut s’attendre que le basculement des priorités vers la zone Asie-Pacifique au détriment de la zone Europe et du Moyen-Orient se poursuive. La Chine reste le principal rival des États-Unis aujourd’hui. Un rival économique et politique. Conciliant avec Pékin lorsqu’il était le vice-président de Barack Obama, Joe Biden s’est rapproché de la vision de Donald Trump. Mais l’affrontement ne sera pas direct. On peut tabler sur la création d’un réseau d’alliances dans la région Asie-Pacifique et d’une approche concertée avec l’Europe qui a les mêmes problèmes que Washington face aux Chinois. En substance le non-respect par Pékin des règles du commerce international.

L’administration Biden devrait également maintenir la pression sur les Européens afin qu’ils prennent une part plus importante, humaine comme financière, dans la défense du «Vieux Continent». La pression ne s’allégera pas non plus en matière de négociations commerciales.

Au Moyen-Orient, la politique actuelle de désengagement – initiée par ailleurs par Barack Obama – se poursuivra. Mais les alliances clés avec Israël et l’Arabie Saoudite seront préservées. On ne doit notamment pas s’attendre à un retour à Tel-Aviv de l’ambassade américaine dans l’État hébreux.