Lors de l’édition 2018, le Luxembourg a pu installer pour la première fois son nouveau pavillon dans l’Arsenal et avait présenté l’exposition «The Architecture of the Common Ground», conçue en collaboration avec le master d’architecture de l’Université du Luxembourg.
Pour l’édition de cette année, le Luca (Luxembourg Center for Architecture) a cherché une autre manière d’investir l’Arsenal et de poser un nouveau jalon au sein de la Biennale. Pour cela, le Luca propose de concentrer son discours sur l’énorme potentiel qu’offre cet événement en y installant un centre d’architecture temporaire, de délocaliser le Luca pendant six mois en quelque sorte, et d’y élaborer un programme participatif à destination des professionnels émergents.
Un projet en réaction à la situation du Luca
Lorsque le ministère de la Culture a choisi de déplacer le pavillon luxembourgeois de la Ca ’del Duca à l’Arsenal, il avait été convenu que le Luca prendrait directement en charge le commissariat des deux premières éditions sans passer par un appel à projets extérieur.
«Réaliser une exposition pour la Biennale de Venise est une très grande quantité de travail, de recherches et d’investissements qu’il est difficile de réaliser en parallèle d’une autre activité professionnelle», explique Andrea Rumpf, directrice du Luca, qui est mandaté par le ministère de la Culture pour réaliser le pavillon luxembourgeois.
«Aussi, en intégrant l’Arsenal, ce qui nous assure une très grande visibilité, nous ne souhaitions pas prendre de risque, d’autant plus que nous ne maîtrisons pas encore parfaitement les lieux. C’est pourquoi nous avions choisi dès le début de gérer en interne les deux premiers projets que nous allions y présenter.» En 2018, le Luca avait choisi de mettre en valeur la recherche universitaire du jeune master d’architecture avec l’exposition «The Architecture of the Common Ground» et à inscrire ainsi la contribution luxembourgeoise dans le discours international.
«Nous n’avons pas la capacité au Luxembourg de produire du contenu en last minute, car nous n’avons pas de recherche continue sur laquelle nous appuyer comme peuvent le faire d’autres pays. Nous devons produire le contenu intellectuel pour cette occasion, et cela demande bien évidemment du temps et des moyens, que nous n’avons pas. Par ailleurs, nous sommes actuellement dans une période de questionnements puisque nous sommes à la recherche active de nouveaux locaux que nous n’avons pas encore pour le moment», explique Andrea Rumpf. (Le Luca doit libérer les locaux mis à disposition par Paul Wurth au mois de mai. À l’heure actuelle, aucune solution n’a encore été trouvée pour les héberger, ndlr).
Une volonté participative
«Le fait de déplacer notre centre d’architecture à Venise va aussi venir combler un manque, susciter une liaison supplémentaire entre les personnes qui fréquentent la Biennale», poursuit Andrea Rumpf. «Il n’y a pas que des architectes qui font l’environnement bâti. Les éditions précédentes ont bien montré que les activistes, les économistes, les sociologues… participent de manière active à la constitution de notre environnement bâti. Nous voulons poursuivre cette réflexion tout en réfléchissant à ce que pourra être notre rôle de centre d’architecture dans le futur. Et dans la thématique de cette année, ‘Comment vivre ensemble’, il y a une dimension sociale de l’architecture qui est à considérer.»
Aussi, le Luca a demandé aux architectes Jean-Paul Carvalho et Maria Spada de concevoir un lieu d’accueil temporaire, une plate-forme qui pourra accueillir experts, activistes, curators, critiques qui souhaitent laisser un input lors de cette Biennale et peut-être faire surgir de nouvelles idées ou collaborations. Eric Chenal a par ailleurs reçu une mission photographique.
«Notre pavillon proposera aux visiteurs de la Biennale de disposer d’un endroit pour se rencontrer sans avoir d’exposition à comprendre ou besoin de consommer. C’est un lieu pour réfléchir, collaborer et prendre contact. Nous souhaitons mettre à profit toutes les ressources qui sont présentes à la Biennale et y développer un programme professionnel, afin de nous constituer un nouveau réseau composé de professionnels émergents. Ce pavillon est pour nous l’occasion faire venir de jeunes professionnels, de leur faire découvrir les coulisses du pavillon, qu’ils s’immergent dans le discours international et puissent se faire leur propre opinion. Nous souhaitons également proposer aux autres centres d’architecture de participer pour envisager de nouvelles collaborations internationales.»
À l’aide de ces nouveaux réseaux et collaborations, le Luca disposerait ainsi de nouvelles ressources avec lesquelles travailler à l’avenir et élargirait le champ de rayonnement du Luxembourg.
Cela pose aussi la question de la nécessité d’un centre d’architecture au Luxembourg. La question de la qualité de notre environnement bâti au Luxembourg est un sujet brûlant, mais avoir un centre de l’architecture reste un «nice to have». En témoignent les difficultés que rencontre le Luca pour se reloger ou pour financer au quotidien ses activités.
17e Biennale d’architecture de Venise, du 23 mai au 20 novembre (préouverture les 21 et 22 mai)