Christophe Schivre, gérant de La Table de la Chapelle. (Photo:Romain Gamba/Maison Moderne)

Christophe Schivre, gérant de La Table de la Chapelle. (Photo:Romain Gamba/Maison Moderne)

Après le confinement de mars 2020, le restau­rant La Table de la Chapelle s’est transformé en épicerie en s’appuyant sur une offre digitale qui, malgré l’accal­mie de la pandémie, reste aujourd’hui une ­res­source-­clé pour cette PME.

Comme tous ses confrères actifs dans la restauration, Christophe Schivre a été confronté en mars 2020 à l’impensable: la fermeture forcée de son établissement pour cause de pandémie. Du jour au lendemain, voilà La Table de la Chapelle interdite d’accueillir ses clients, et son patron contraint de rester chez lui. Amputé pendant un mois et demi de revenus, l’entrepreneur se repose, mais prend surtout le temps de réfléchir à son activité de brasserie reprise en mars 2017 à Neudorf, après 10 années passées dans une adresse bien connue de la capitale, le Chiggeri.

Il observe l’appétence du public pour les produits locaux, les circuits courts et les petits commerces. Christophe Schivre décide alors de proposer à la vente quelques produits de base, afin de reprendre une petite activité. Dès la fin avril, il rouvre donc les portes de La Table de la Chapelle avec 200 références en épicerie, de la baguette au café, en passant par le sucre.

L’une de ses clientes lui propose alors de mettre à jour son site web pour y afficher cette nouvelle activité. Son agence, téMéRaiRe Marketing, prend le relais pour cette mission. En quelques semaines, le restaurant renaît et devient une épicerie de quartier au cœur de ce bassin de population quelque peu dépourvu de commerces alimentaires de proximité. «Cela a marché tout de suite: les voisins étaient contents de venir, de rediscuter, je sentais qu’ils étaient anxieux, et que les gros hypermarchés ne les attiraient pas», évoque le restaurateur.

Faire la différence par l’offre

Ce coup d’essai éveille son appétit: Christophe Schivre décide d’affiner sa démarche. D’une part, il se met à dénicher des produits tantôt locaux, tantôt venus de circuits plus éloignés mais certifiés bio ou commerce équitable. ­Dans tous les cas, ces références sont rares, voire originales au Luxembourg, ce qui permet à l’épicerie de tirer son épingle du jeu avec des ventes à l’unité, mais aussi dans des box thématisées. D’autre part, le chef d’entreprise s’inscrit au programme Fit 4 Digital Packages de Luxinnovation pour bénéficier d’une aide de 5.000 euros à la digitalisation.

Si la facture totale de la mission se chiffre à 7.000 euros, l’entrepreneur ne regrette pas cet investissement dans le marketing digital. Son site web passe par une refonte complète, un webshop est créé avec des photos de la gamme et de tous les produits disponibles. De la communication via les réseaux sociaux à l’extension de l’offre vers des plateformes web comme Wedely ou Foozo (anciennement GroupLunch), l’activité de La Table de la Chapelle connaît un coup d’accélérateur en 2020. «Cela nous a permis d’aller beaucoup plus vite et de ne pas attendre que le restaurant puisse rouvrir.»

Car cette réouverture tant attendue – et qui arrivera fin mai 2020 – n’est finalement que de courte durée, vu le rebond épidémique de l’automne. Pour survivre à ce nouveau confinement, le restaurateur devenu épicier peut compter sur les box qu’il propose en ligne, ainsi que sur son épicerie fine, aussi bien en virtuel – où les commandes sont disponibles à emporter – qu’en boutique.

Sa démarche lui permet de limiter la casse: «En décembre 2020, nous avons vendu plus de 400 box-cadeaux.» Si, à un moment, la vente en ligne générait jusqu’à 80% de son chiffre d’affaires, le ratio par rapport au commerce physique s’est à présent inversé. «L’e-commerce représente aujourd’hui un revenu d’appoint, mais surtout une visibilité non négligeable pour [avoir été] le premier restaurateur au Luxembourg à se transformer en épicier, souligne-t-il. Je ne pense pas que j’aurais créé une épicerie s’il n’y avait pas eu le Covid. La pandémie nous a obligés à repenser notre métier pour maintenir la tête hors de l’eau en 2020.»

The Shop’elle aux côtés de La Table de la Chapelle

Si Christophe Schivre considère la digitalisation comme une solution, et non pas LA solution, il admet que le concept prime. «Ce mélange entre épicerie et restaurant fonctionne: les clients goûtent les produits dans les plats, puis les achètent pour les avoir à la maison», explique-t-il.

Le fait que les produits de bouche soient exposés en salle éveille aussi l’appétit et la curiosité des clients: le restaurateur propose certaines références de l’épicerie en service restaurant, moyennant un supplément de 30%.

La Table de la Chapelle se compose à présent du restaurant, qui accueille une clientèle aussi bien le midi que le soir, ainsi que pour ses événements thématiques, comme son brunch dominical. Quant à l’épicerie, The Shop’elle, on y déniche condiments, sauces, fruits et légumes frais proposés aussi bien à la vente sur place qu’en ligne. Et puis, l’offre de box développée l’an dernier perdure, avec une dizaine de références qui vont du brunch à l’apéritif en amoureux, sans oublier les fromages, les soirées Netflix et les cadeaux. Enfin, des bocaux et autres plats préparés attendent les gourmands en quête d’une solution simple et efficace pour se rassasier après une longue journée de travail.

L’entrepreneur insiste sur la portée de sa digitalisation: il n’a pas été simplement question de réactualiser le site web, mais de proposer une nouvelle offre en ligne qui a permis d’élargir sa clientèle et d’en fidéliser une partie: ­«Il faut que le produit que vous proposez à la vente corresponde vraiment aux attentes de la clientèle. Si j’avais changé simplement mon site sans l’épicerie, cela aurait fait beaucoup d’argent dépensé pour peu de retour.»

Cet article a été rédigé pour l’ parue le 28 octobre 2021.

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