Qu’est-ce qui vous a motivée à vous présenter pour ce rôle de présidente de l’OAI, alors que vous avez déjà en charge la gestion de votre propre bureau d’architecture, FG Architectes, dans une période qui est très chargée pour tous les bureaux au Luxembourg?
Michelle Friederici. – «Je suis engagée auprès de l’OAI dans les groupes de travail depuis déjà de nombreuses années, ainsi qu’au sein du Conseil de l’Ordre depuis deux ans. Quand a annoncé qu’il ne souhaitait pas présenter à nouveau sa candidature, la discussion en interne a commencé pour réfléchir à qui pourrait prendre sa suite. Je ne me suis pas décidée tout de suite, mais, après réflexion, il me semblait intéressant de le faire. Par ailleurs, je représente un petit bureau, une taille de structure qui est la plus commune au sein de nos professions. Cela me semblait bien que ce ne soit pas un architecte issu d’un grand bureau qui reprenne la présidence. Par ailleurs, l’idée qu’une femme devienne présidente me plaisait. Et quand on veut que les choses bougent, il faut s’engager.
Vous êtes donc la première femme à être présidente de l’OAI.
«Oui, effectivement. Et ce sujet de l’égalité entre les hommes et les femmes me tient à cœur. C’est une thématique que je souhaite d’ailleurs défendre au cours de mon mandat.
Quels sont les dossiers qui sont actuellement tout en haut de votre pile pour l’OAI?
«Je m’inscris dans la continuité du travail élaboré par Jos Dell, qui va pouvoir m’épauler dans la transition. Un des grands sujets reste la reconnaissance de la valeur de nos professions. Nous avons besoin que les concepteurs indépendants que nous sommes gardent une vue d’ensemble sur leur travail et n’entrent pas en conflit avec les intérêts d’autres acteurs du secteur. Nous sommes là pour travailler avec le maître d’ouvrage, selon une déontologie que nous devons respecter, détachée du profit financier, selon une approche qui développe aussi des qualités culturelles et sociales.
Les élections législatives se rapprochent. a signalé le souhait de relancer un programme de politique architecturale. Qu’en pensez-vous?
«Le dernier ‘Guide OAI Références’ a été préfacé par six ministres, ce qui montre bien la volonté de l’OAI de dialoguer avec tous les domaines et de travailler avec les différents ministères et administrations. Je pense, en effet, qu’il est important de travailler avec tous les acteurs de terrain pour faire avancer au mieux les sujets qui nous préoccupent.
Personnellement, quels sont les sujets qui vous tiennent à cœur et que vous souhaitez traiter au cours de votre mandat?
«La question de la sensibilisation du jeune public est un élément que je trouve très important pour l’avenir de nos professions. Je souhaiterais que cette sensibilisation à la culture architecturale soit intégrée aux programmes scolaires, tout comme l’est la sensibilisation aux arts plastiques. Pour cela, il me semble nécessaire que nous nous rapprochions du ministère de l’Éducation. Par ailleurs, nous souffrons d’une pénurie de professionnels et devons aller chercher des collaborateurs de plus en plus loin. En sensibilisant les jeunes à nos métiers, ils pourront découvrir l’étendue des potentiels que recouvrent nos professions. Entre la profession d’architecte, d’architecte d’intérieur, d’ingénieur technique, d’ingénieur civil, de paysagiste, d’urbaniste, il y a une diversité de métiers qui peuvent attirer un grand nombre de personnes. Enfin, nous devons poursuivre le dossier MOAI, qui est la méthodologie ‘Maîtrise d’œuvre OAI’. Ceci permet de renforcer le lien entre le maître d’ouvrage et les concepteurs. Dans les mois qui viennent, nous devons ajouter les entreprises dans ce processus.»