«Avez-vous été confronté à des retards de paiement ou des délais trop longs de la part d’une entreprise ou d’une autorité publique?» Oui, pour 85% des 255 entreprises interrogées (l’artisanat n’est pas inclus) par la Chambre de commerce entre mai et juillet 2023. Cela arrive «tout le temps» pour 15,34% d’entre elles et plus de dix fois par an pour environ la moitié.
L’organisation patronale publie une enquête à ce sujet, ce mardi 24 octobre. Une flopée de chiffres qui «démontrent que les retards de paiement sont un problème qui touche les entreprises luxembourgeoises, non seulement dans leur relation B2B (avec d’autres entreprises, ndlr) mais également avec le secteur public.»
Le pire payeur est le professionnel. 61,83% des participantes au sondage déclarent que leurs clients B2B règlent «souvent» (impact sur 10 à 25% du chiffre d’affaires – dans 32,85% des cas), «très souvent» (impact sur 25 à 50% du chiffre d’affaires – dans 14,98% des cas) ou «la plupart du temps» (impact sur plus de 50% du chiffre d’affaires – dans 14% des cas) après la date fixée par le contrat. Cela n’arrive jamais qu’à 2,42% des entreprises qui ont répondu.
Même si les entités publiques font mieux, elles ne sont pas pour autant exemplaires. Elles paient «souvent» (18,5%), «très souvent» (8,9%) et «la plupart du temps» (12,5%) en retard dans 39,9% des cas. 23,21% des entreprises sondées ne constatent jamais de retards de la part de ces clients publics.
Les intérêts ne sont pas automatiques pour 65,24% des entités publiques
La plupart des entreprises (72,49%) acceptent les retards pour fidéliser leur clientèle ou «préserver leur position sur le marché, dans un contexte de concurrence croissante». La moitié ne demandent d’ailleurs pas d’intérêts et 38,3% le font rarement. 70,74% ne réclament pas non plus les frais de recouvrement supplémentaires, pourtant prévus par la loi.
On pourrait penser que les entités publiques la règlent automatiquement… Pourtant, si l’entreprise ne l’exige pas, elle ne reçoit ni intérêts ni frais de recouvrement dans 65,24% des cas avec ce type de clients.
Quand elles ne reçoivent pas leur paiement, la majorité des entreprises contactent directement leur client (91,49%). Mais 24,47% ont déjà dû engager des poursuites judiciaires. 21,28% se retrouvent obligées, à leur tour, de régler leurs dettes en retard.
À la question «avez-vous déjà eu un différend avec une autre entreprise ou entité publique à cause d’un retard de paiement?», un peu plus de la moitié répond «rarement», un quart «jamais» et 20% «souvent».
Concernant les raisons de ces retards, les entreprises sondées estiment qu’il s’agit d’une «forme de financement à coût nul pour le débiteur» (citée par 44,79%), d’un «manque de liquidité des clients pour payer leurs propres fournisseurs» (45,31%), d’un «cercle vicieux» (le client est payé en retard et doit donc payer en retard à son tour, 46,35%) ou tout simplement du fait que «les petites entreprises doivent accepter les conditions fixées par les plus grandes si elles ne veulent pas perdre leurs clients» (46,88%).
Un règlement communautaire à venir
Problème, «ces retards de paiement menacent la continuité des activités et mettent en péril la croissance et les investissements», résume la Chambre de commerce. Près de la moitié des entreprises interrogées citent en effet ces impacts.
Bonne nouvelle pour ces dernières, «la Commission européenne propose de remplacer la directive actuelle par un règlement communautaire», indique la Chambre de commerce. «Contrairement à une directive, un règlement est directement applicable et prévoit les mêmes dispositions dans l’ensemble de l’Union européenne, ce qui profite en particulier aux entreprises qui dépendent du commerce transfrontalier.»
Le texte prévoit notamment «un plafonnement des délais de paiement et d’acceptation/vérification à 30 jours dans les transactions B2B et B2G (pour gouvernement, ndlr)», alors que ce délai peut être porté à 60 aujourd’hui. Ou encore des intérêts de retard automatiques et une indemnité forfaitaire qui passe de 40 à 50 euros.