Si, grâce à la pandémie, le Luxembourg est parvenu à respecter les valeurs limites de dioxyde d’azote fixées par l’UE, le pays reste bien loin d’atteindre les normes de l’OMS. (Photo: Shutterstock)

Si, grâce à la pandémie, le Luxembourg est parvenu à respecter les valeurs limites de dioxyde d’azote fixées par l’UE, le pays reste bien loin d’atteindre les normes de l’OMS. (Photo: Shutterstock)

La campagne 2020 de mesurage du dioxyde d’azote, un polluant très nocif, a été un succès: aucun des emplacements mesurés n’a enregistré un dépassement des valeurs limites fixées par l’UE. Mais cette réussite a eu lieu grâce à la pandémie. Et elle est bien loin d’atteindre les seuils de l’OMS.

La pandémie aura eu au moins cette conséquence positive: elle aura permis, à grand renfort de confinement, d’améliorer nettement la qualité de l’air. C’est le cas au Luxembourg: en 2020, le dioxyde d’azote (NO2) a moins empoisonné l’air que les années précédentes, et les valeurs limites fixées par l’UE ont même été respectées, selon les résultats de la campagne 2020 de mesurage du polluant.

Alors que le NO2 cause en moyenne 40 décès prématurés par an dans le pays et que 3.600 personnes y sont directement exposées, il a aussi la fâcheuse tendance à . Le ministère de l’Environnement a d’ailleurs mis en place un plan national de la qualité de l’air visant à atteindre ces valeurs limites (PNQA) d’ici 2024.

23 communes ont participé à cette campagne et les mesures ont été effectuées sur plus de 60 emplacements. Or, entre janvier et décembre 2020, aucun dépassement de la valeur limite de 40µg/m³ n’a été constaté. Une baisse des valeurs sur tout le territoire a même été observée.

Succès incomplet

Mais ce succès doit être tempéré pour deux raisons: cette «baisse particulièrement prononcée» ne sera bien sûr que ponctuelle. Elle s’explique par «le ralentissement sociétal général causé par la pandémie du Covid-19», reconnaît le rapport. Les valeurs risquent donc de repartir à la hausse en 2021.

Surtout, le respect des valeurs limites fixées par l’UE n’est qu’un premier petit pas avant d’atteindre une qualité de l’air saine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi récemment , notamment le dioxyde d’azote.

Elle a en effet constaté que la pollution de l’air a des effets néfastes sur la santé à des seuils encore plus faibles qu’on ne le croyait auparavant. Concernant le NO2, le seuil annuel est ainsi divisé par trois, en passant de 40µg/m³ à 10µg/m³, et avec un nouveau seuil journalier – il n’y en avait pas auparavant – à 25µg/m³.

Seuils renforcés

Or, en prenant en compte ces nouveaux seuils, le Luxembourg est bien loin de respecter les normes annuelles. Sur la soixantaine d’emplacements, seuls six enregistrent des valeurs inférieures à 10µg/m³ en 2020.

Bien sûr, les recommandations de l’OMS ne sont pas contraignantes. Mais les respecter reste essentiel: le dépassement de ces nouveaux seuils est associé «à des risques importants pour la santé», prévient l’OMS. En outre, l’UE pourrait aussi faire évoluer ses propres normes, alors que la Commission a proposé dans son une stratégie «zéro pollution» et envisage, notamment , une refonte de sa directive sur la qualité de l’air.

Cet article a été rédigé pour la newsletter Paperjam Green, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité en matière d’environnement, de climat, de mobilité, de RSE et de green finance.